Unifor fait une percée chez Walmart

Le mouvement ouvrier doit profiter de cet élan et lancer une campagne de syndicalisation la plus vaste possible.

  • Mitchell Thompson
  • mer. 23 oct. 2024
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Les travailleurs d’entrepôt de Walmart à Mississauga sont devenus les premiers au Canada à se syndiquer avec Unifor le 10 septembre, déjouant ainsi les méthodes antisyndicales tristement célèbres de l’entreprise.

Des rumeurs circulent selon lesquelles des travailleurs d’autres établissements de Walmart souhaiteraient également signer des cartes syndicales.

Les profits grimpent, la colère aussi

Les ventes et les bénéfices de Walmart ont grimpé en flèche au cours de la dernière année, étant donné que beaucoup de gens désespérés se sont tournés vers cette chaîne de magasins pour trouver des produits essentiels, tels que les aliments et les vêtements, à bas prix.

Comme on pouvait s’y attendre, cette situation a mis à rude épreuve le personnel de l’entreprise. Alors qu’ils sont payés à peine plus que le salaire minimum et ne bénéficient que de peu d’avantages, leur charge de travail a augmenté et leurs journées de travail se sont allongées. Ils voient bien que sans leur travail, rien ne bouge. Et pourtant, ils peinent à joindre les deux bouts, tandis que le géant de la distribution engrange des bénéfices records. Cette situation devait inévitablement nourrir la colère des employés.

Walmart est l’un des plus gros employeurs d’Amérique du Nord. Il a passé des années à acquérir une réputation de briseur de syndicat, envoyant une équipe spécialisée dans les pratiques antisyndicales d’un magasin à l’autre pour menacer les travailleurs pro-syndicat. Le fondateur de l’entreprise, Sam Walton, se vante ouvertement de la « culture » « sans syndicat » de sa compagnie, où l’employeur a le contrôle absolu de ses établissements, libre de toute influence du mouvement ouvrier et de la « division » qu’il crée soi-disant.

Mais, de plus en plus, cette « culture » s’étiole.

Propagation des campagnes de syndicalisation

À Mississauga, l’un des pôles logistiques les plus importants du Canada, le syndicat a gagné une majorité décisive. Près de 500 des 800 travailleurs de l’entrepôt ont voté pour se syndiquer. Seuls 300 ont voté contre. 

Unifor a affirmé que le vote à Mississauga était un « rayon d’espoir pour les travailleurs non syndiqués à travers le pays ». Un journal local fait remarquer : « La réussite de la campagne à Mississauga a suscité l’intérêt des employés de Walmart dans d’autres régions. »

Déjà, les travailleurs à l’entrepôt Walmart de Cornwall – qui dessert la plupart de ses magasins dans l’est de l’Ontario – semblent se préparer à eux aussi voter sur la formation d’un syndicat. Comme le Cornwall Seeker le dit, les travailleurs en ont assez de « l’environnement de travail physiquement demandant et fonctionnant à cadence rapide » et cherchent à suivre l’exemple de Mississauga. 

Inévitablement, Walmart tentera de mettre un frein à ces efforts et de saboter les campagnes de syndicalisation. Au cours des dernières décennies, la compagnie a réussi à écraser les syndicats établis à Windsor et à Jonquière.

Mais cela signifie seulement que nous ne pouvons pas l’emporter sans une lutte féroce.

Le mouvement ouvrier doit profiter de cet élan et lancer une campagne de syndicalisation la plus vaste possible. Walmart peut écraser un syndicat ici et là en fermant ou en menaçant de fermer un magasin syndiqué. Mais il ne peut pas fermer tous ses établissements.

L’entreprise ne peut pas non plus fonctionner sans ses entrepôts. Ces établissements sont massifs et, considérant leur dépendance sur l’emplacement, à proximité des axes de transport comme les aéroports, autoroutes et autres, ne peuvent pas facilement être relocalisés. Des centres logistiques comme Cornwall et Mississauga représentent aussi un énorme potentiel pour le mouvement ouvrier, si les dirigeants syndicaux mènent une campagne déterminée pour les syndiquer. Ces régions ont connu une croissance soutenue sur le dos d’industries dépendantes de travailleurs faiblement payés dans la logistique et l’entreposage. Ces travailleurs cherchent de plus en plus à se mobiliser et à se syndiquer, pour combattre les coupes salariales, l’augmentation de la cadence de travail et les mises à pied.

Le mouvement ouvrier doit accueillir ces travailleurs dans la lutte pour l’amélioration des salaires et des conditions de travail pour tout le monde.

Victoire aux travailleurs de Walmart!