Grève à l’INSPQ : même après trois ans de pandémie, les « essentiels » forcés d’entrer en lutte

Le 28 novembre dernier, environ 400 employés de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) ont débuté une grève de trois jours avec comme principale revendication la hausse de leurs salaires. Ils sont sans contrat depuis avril 2020, mais en plus, leurs salaires n’ont pas augmenté depuis 2018. Ces travailleurs, qui avaient joué un rôle crucial pendant la pandémie de COVID-19, ont accepté de mettre sur pause les dernières négociations pour se concentrer sur le besoin immédiat de livrer des données sur la COVID-19 durant la pandémie. Maintenant qu’ils aimeraient être récompensés pour leur diligence, le gouvernement de Legault prétend ne pas avoir un sou à dépenser pour eux. 

  • David Fortier
  • mar. 6 déc. 2022
Partager
Photo : Sppspq/Facebook

Le 28 novembre dernier, environ 400 employés de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) ont débuté une grève de trois jours avec comme principale revendication la hausse de leurs salaires. Ils sont sans contrat depuis avril 2020, mais en plus, leurs salaires n’ont pas augmenté depuis 2018. Ces travailleurs, qui avaient joué un rôle crucial pendant la pandémie de COVID-19, ont accepté de mettre sur pause les dernières négociations pour se concentrer sur le besoin immédiat de livrer des données sur la COVID-19 durant la pandémie. Maintenant qu’ils aimeraient être récompensés pour leur diligence, le gouvernement de Legault prétend ne pas avoir un sou à dépenser pour eux. 

Pour les grévistes, l’enjeu porte d’abord et avant tout sur l’équité salariale. En effet, les travailleurs de l’INSPQ se trouvent à avoir des salaires au moins 15% inférieurs à leurs collègues de l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) qui occupent des fonctions similaires. À cela on peut rajouter le fait que le gouvernement n’accorde même pas d’augmentation aux grévistes alors que nous sommes dans une période d’inflation record! De plus, leurs salaires stagnent depuis 2018 puisque ceci est la dernière année qu’ils ont reçu une augmentation salariale. Les travailleurs de l’INSPQ se font donc forcer par le gouvernement d’accepter que la valeur réelle de leur salaire diminue et leur qualité de vie avec.

Par ailleurs, cette iniquité salariale nuit énormément à l’Institut dans sa rétention de main-d’œuvre. En effet, le fait que ces salaires soient si bas veut dire que semaine après semaine des travailleurs quittent l’INSPQ pour aller travailler ailleurs. Pourtant, l’Institut étudie des dossiers très importants vis-à-vis de la santé publique allant des effets des changements climatiques à la violence conjugale, sans oublier leur rôle crucial lors de la pandémie de COVID-19. De ce point de vue, le gouvernement de Legault devrait investir dans l’INSPQ afin de maintenir ses effectifs, mais il est évident que la CAQ n’a pas intérêt à l’amélioration ou même au maintien de la qualité des services dans la santé publique. 

En effet, il est clair avec la gestion exécrable de la pandémie de la part du gouvernement Legault, comme en témoignent les milliers de morts dans les CHSLD, qu’il n’accorde peu ou pas d’importance à l’investissement dans le système de santé et cela ne fait que s’étendre maintenant à l’INSPQ. Cela démontre une fois de plus la réelle importance que Legault donne au travail « essentiel ». « Vous êtes essentiels, mais on ne vous paiera pas comme tel »!

Les travailleurs de l’INSPQ ont fait le choix de mettre sur pause les négociations afin de pouvoir conseiller le gouvernement du mieux qu’ils pouvaient lors de la pandémie et maintenant, en récompense pour leur « bonne foi », ils n’ont droit qu’à l’inflation et la perte progressive de leurs effectifs. 

La perspective d’une « grève générale illimitée » a été évoquée par la direction syndicale. Considérant l’intransigeance du  gouvernement Legault envers les travailleurs qui demandent de meilleures conditions de travail, il ne serait pas surprenant qu’on en arrive à cette situation.  

Le fait que des travailleurs de la santé publique soient forcés d’entrer en grève pour de meilleurs salaires est un scandale en soi. Nos dirigeants n’ont-ils rien appris de trois ans de pandémie? Cette lutte est un exemple parmi d’autres de l’inaction entière des gouvernements capitalistes face à l’effondrement du système de santé. Cela fait des décennies que l’on sonne l’alarme sur la nécessité de mieux financer notre réseau de la santé, mais au lieu de cela, ce dernier a toujours été parmi les premières cibles de l’austérité. Aucun investissement sérieux n’a été fait en trois ans. La CAQ laisse tous les infirmières et les préposés dans leurs conditions de travail exécrables et maintenant, fidèle à elle-même, elle va probablement tenter d’offrir des miettes aux travailleurs de l’INSPQ. 

Sous le capitalisme, les États vont faire tout ce qu’ils peuvent pour garder les coûts de leurs services publics le plus bas possible et le gouvernement de la CAQ ne fait pas exception à cette règle. Ils vont utiliser toutes sortes d’excuses pour nous expliquer qu’ils ne peuvent pas mieux financer nos services ou mieux payer nos travailleurs essentiels en disant que le budget est trop serré en période de récession et qu’il faut faire des coupes. Mais c’est le capitalisme lui-même qui engendre ces récessions! Le capitalisme crée des crises de plus en plus profondes et met en danger constant d’austérité les services publics que la classe ouvrière a lutté bec et ongles à travers son histoire pour obtenir. Si le capitalisme ne peut pas régler les problèmes qu’il a lui-même engendrés, c’est qu’il n’a plus rien à nous offrir et qu’il faut s’en débarrasser! 

La grève à l’INSPQ est un avant-goût d’un plus grand conflit qui se pointe à l’horizon, soit les négociations collectives du secteur public prévues pour 2023. Une victoire pour les travailleurs de l’INSPQ serait une victoire pour tous, et mettrait la table pour que d’autres couches de travailleurs prennent confiance dans la lutte contre la CAQ.

Solidarité avec les travailleurs et travailleuses de l’INSPQ!