Le 23 novembre dernier, les 66 500 profs de la FAE sont entrés en grève illimitée. Depuis le 24 novembre, nous formons des lignes de piquetage devant nos écoles afin qu’aucun travailleur n’entre dans l’établissement. C’est le principe même d’une ligne de piquetage. 

Cependant, dès le 24 novembre, plusieurs directions ainsi que des travailleurs de la construction/entretien sont entrés en traversant les piquets des profs. Il semble même que des travailleurs de la construction aient appelé le SPVM pour les escorter dans des écoles. 

Le Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) a depuis lors demandé une injonction pour interdire les piquets de grève des profs de l’Alliance des professeurs et professeures de Montréal (APPM, affiliée à la FAE) sur les terrains des écoles. Sans surprise, le tribunal a accepté l’injonction le 4 décembre dernier. 

Depuis le 4 décembre, au lieu de « constater » le piquet et partir tout en étant payés, les employés du CSSDM doivent passer par-dessus les lignes de piquetage (sur le trottoir) s’ils veulent recevoir leur paye. 

Cela représente une attaque sur le droit démocratique de grève des travailleurs. Une grève, c’est un moyen de pression pour améliorer nos conditions de travail. Il est normal que les piquets dérangent le fonctionnement normal du lieu de travail. Et c’est une longue tradition de notre mouvement de ne pas traverser les piquets d’autres travailleurs.

Cet épisode révèle aussi le rôle des tribunaux dans les grèves. Les injonctions interdisant les piquets sont accordées aux patrons dans le temps de le dire, alors que prouver la présence de briseurs de grève prend toujours plus de temps. 

Quand il y a une ligne de piquetage, ce doit être aux grévistes de décider s’il y a urgence ou pas, s’il faut laisser passer ou faire appel à la solidarité ouvrière pour ne pas traverser. Ça ne devrait pas être à l’employeur de décider, et encore moins à un juge. Pour avoir parlé à des travailleurs de la construction à ma propre école, nous comprenons qu’il y a des travaux urgents pour l’entretien. Si vraiment urgence il y a, c’est à nous, les grévistes et notre syndicat, de décider, et pas les tribunaux. 

Cela la question de la solidarité ouvrière. Les travailleurs de la construction sont pour la plupart syndiqués. Il faut apprendre à respecter les lignes de piquetage des autres travailleurs. Ce doit être la même chose pour les futures grèves en construction, par exemple.

Pour ce qui est des autres travailleurs qui sont poussés à traverser les lignes, comme les employés de soutien, leurs directions syndicales devraient les enjoindre à refuser de traverser les piquets. Il faut raviver et étendre cette tradition de piquets de grève durs et de solidarité entre travailleurs!

Mais la réalité est que nous aurions moins de problèmes avec cette question si tous les employés du secteur public étaient en grève illimitée en même temps. Les employés de soutien forcés par les tribunaux de traverser les piquets sont dans le Front commun! Pour la plupart des membres du Front commun et de la FAE, c’est vraiment bizarre de ne pas être en grève tous en même temps. En effet, un front qui réunirait les membres de la FAE et de la FIQ aussi serait bien plus fort et efficace dans cette lutte contre le gouvernement. Nous devons faire pression sur nos dirigeants syndicaux pour qu’une grève illimitée de tous ait lieu dès que possible pour faire reculer ce gouvernement affaibli et impopulaire.

En grève jusqu’à la victoire!

Piquet de grève : on ne passe pas!