L’austérité sacrifie les élèves handicapés

« Je veux un système qui garantisse une existence digne aux personnes handicapées. »

  • Jasmine B., Montréal
  • ven. 18 avr. 2025
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Je travaille en éducation spécialisée dans une école secondaire du centre-ville de Montréal. Cette année, aucune des sociétés de transport avec qui nous faisons affaire ne pouvait respecter les horaires de début et de fin de cours de notre école sans supprimer plus d’une heure d’enseignement par jour. Nos élèves handicapés sont donc contraints d’utiliser le service de transport adapté de la STM, peu fiable et irrégulier, et d’attendre souvent plus de 30 minutes avant que leur autobus arrive, les prenne, effectue divers autres ramassages et débarquements avant de les ramener enfin à la maison.

L’une de nos élèves est une jeune fille de 16 ans qui essaie d’acquérir son indépendance après être devenue complètement aveugle il y a plus de deux ans. Elle est congolaise et a grandi dans un camp de réfugiés dans un pays voisin. C’est aussi l’une des adolescentes les plus brillantes et les plus positives que j’aie jamais rencontrées. C’est là-bas qu’on lui a diagnostiqué une tumeur au cerveau, mais elle n’a pu être prise en charge qu’à son arrivée au Canada et, à ce moment-là, elle avait complètement perdu la vue.

Aujourd’hui, la ville menace de supprimer complètement le programme de transport adapté et de laisser les personnes handicapées et les personnes âgées sans aucun moyen de se déplacer. Cette jeune fille a vécu l’horreur inimaginable de grandir dans un pays ravagé par l’impérialisme et s’adapte maintenant à une partie du monde qu’elle n’a littéralement jamais vue, et nous ne pouvons pas nous mettre d’accord sur le fait que cela vaut la peine de s’assurer qu’elle peut se rendre à l’école et en revenir? Même si nous pouvions convaincre la ville que les personnes âgées et handicapées valent la peine qu’on leur fournisse des services, aucun investissement ne permettra à mon élève de recouvrer la vue. Aucun investissement de la ville, de la province ou de notre pays ne garantira un monde où les jeunes filles, les enfants ou qui que ce soit d’autre n’auront pas à fuir la guerre ou la pauvreté ni à subir des maladies non traitées qui les rendront handicapés à vie. Je suis fatiguée de devoir lutter contre le déluge d’attaques au travail à l’encontre de mes élèves. Je veux un système qui garantisse une existence digne aux personnes handicapées, et ce système a un nom : le communisme.