Netanyahou reprend le génocide pour s’accrocher au pouvoir

Tant que Netanyahou s’accroche au pouvoir, il a intérêt à prolonger le conflit. Ce faisant, il joue avec le feu, un feu qui menace d’embraser toute la région.

  • James Kilby
  • mer. 9 avr. 2025
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L’armée israélienne a brisé le fragile cessez-le-feu par des frappes meurtrières et destructrices le 18 mars. Plus de 400 Palestiniens ont été tués et plus de 600 blessés dans ces attaques, ce qui en fait la journée la plus sanglante du génocide israélien depuis la fin de l’année 2023.

Israël a justifié son dernier bombardement en accusant le Hamas d’avoir rompu l’accord de cessez-le-feu. Mais les faits démontrent le contraire.

Depuis la fin de la première phase du cessez-le-feu, le 1er mars, Israël a refusé de passer à la deuxième phase, soit le retrait promis des troupes israéliennes de la bande de Gaza. Netanyahou a ensuite changé les conditions de l’accord, exigeant du Hamas qu’il libère immédiatement tous les otages restants, en échange non pas de la fin de la guerre, mais d’une simple trêve de 30 à 60 jours. Autrement dit, il lui a fait une offre qu’il ne pouvait que refuser.

En même temps, Netanyahou a bloqué l’entrée de toute aide humanitaire à Gaza et a coupé la dernière source de courant. Les dirigeants israéliens menacent à présent de couper l’approvisionnement en eau de Gaza. Le silence de l’establishment libéral révèle une fois de plus son hypocrisie totale.

Netanyahou joue sa survie

Netanyahou a clairement indiqué dès le départ qu’il était opposé à la « deuxième phase » du cessez-le-feu. Il peut accepter l’échange de prisonniers palestiniens contre des otages israéliens, mais pas la fin de la guerre. Sa survie politique dépend du conflit.

Avant le 7 octobre 2023, Netanyahou était confronté à de multiples crises. Sa position de premier ministre est tout ce qui lui a permis de surseoir aux poursuites judiciaires pour de multiples accusations de corruption. La popularité de son parti étant en baisse, il a été contraint de s’appuyer sur des fanatiques sionistes d’extrême droite pour soutenir sa fragile coalition gouvernementale. Ses tentatives de consolidation du pouvoir par le biais d’une réforme judiciaire ont déclenché un énorme mouvement de protestation qui a menacé de renverser son régime au printemps 2023.

Mais tant qu’Israël était en guerre, Netanyahou pouvait tenter de détourner l’attention de ses problèmes intérieurs et essayer de rallier les Israéliens juifs derrière lui.

Le cessez-le-feu a posé un problème majeur à Netanyahou, car l’ancien ministre de la Sécurité nationale d’extrême droite, Itamar Ben-Gvir, a retiré son parti « ultranationaliste » Otzma Yehudit (Pouvoir juif) de la coalition gouvernementale en signe de protestation. Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a menacé de faire de même.

Ces fanatiques ne veulent rien de moins que l’achèvement du projet sioniste : le nettoyage ethnique de la population palestinienne et la prise de contrôle total de Gaza et de la Cisjordanie par les colons juifs. Ils considèrent la guerre comme une occasion parfaite d’atteindre leurs objectifs.

La rupture du cessez-le-feu a donc permis à Netanyahou de renforcer sa coalition chancelante. Mais la guerre aggravera les problèmes de Netanyahou à long terme.

La pression monte

Netanyahou a également intensifié l’oppression des Palestiniens en Cisjordanie, donnant le feu vert aux colons fanatiques pour qu’ils mènent des pogroms avec le soutien de l’armée israélienne. Des milliers de Palestiniens de Cisjordanie ont été déplacés et des centaines ont été tués. Cette situation a déstabilisé davantage la Cisjordanie, contribuant à la montée de la colère dans tous les pays arabes voisins.

Netanyahou a déjà profondément déstabilisé la région au cours de la dernière année. En étendant la guerre au Liban en 2024, il a contribué à créer les conditions de la chute d’Assad en Syrie. Les pogroms perpétrés par le régime de Hay’at Tahrir al-Sham depuis son arrivée au pouvoir ont déjà déclenché des événements qui feront probablement retomber la Syrie dans le carnage de la guerre civile.

Et, anticipant clairement la reprise du bombardement de Gaza par Netanyahou, Trump a lancé une attaque massive contre les Houthis au Yémen le 15 mars. Pensant pouvoir contenir les Houthis par la menace, Trump est passé à la vitesse supérieure en menaçant l’Iran de « conséquences désastreuses » si les Houthis répondaient par la force. Le seul résultat a été d’accroître les tensions entre les États-Unis et l’Iran, les Houthis ayant déjà réagi en tirant des missiles sur Israël.

Netanyahou cherche depuis le début à entraîner les États-Unis dans une guerre avec l’Iran. Trump a clairement indiqué qu’il poussait dans la direction opposée afin de rétablir un semblant de stabilité. Mais ce qu’il veut et ce qu’il aura sont deux choses très différentes.

Crise interne

Netanyahou a annoncé que le bombardement du 18 mars n’était « que le début ». Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a menacé Gaza de « destruction complète si tous les otages israéliens ne sont pas libérés et si le Hamas n’est pas éliminé ».

Éliminer le Hamas est toutefois beaucoup plus facile à dire qu’à faire. Le Hamas a fait preuve d’une incroyable résistance et a bénéficié d’un afflux de nouvelles recrues et d’un soutien populaire durable.

La politique génocidaire d’Israël a rendu furieuse une population entière qui n’a plus rien à perdre. Le Hamas a recruté une nouvelle couche de jeunes combattants, qui sont prêts à tout pour se venger des crimes d’Israël. Le Hamas ne peut donc pas être simplement supprimé ou « éliminé » par la force; il est intimement lié à la résistance et à la survie de la population de Gaza.

Parallèlement, le nouveau chef d’état-major de l’armée israélienne, Eval Zamir, a indiqué que la reprise de l’offensive terrestre nécessiterait plusieurs divisions de l’armée israélienne. Cela signifierait une nouvelle mobilisation à grande échelle des réservistes.

Mais l’humeur dans la société israélienne et dans les forces de défense israéliennes est de plus en plus hostile à la prolongation de la guerre. Comme le résume Haaretz, pour « près de la moitié [des Israéliens] qui ne croient pas qu’Israël puisse atteindre ses objectifs de guerre, pour les 60% qui veulent que Netanyahou démissionne, pour les 73% qui préfèrent une fin complète de la guerre et un retrait de Gaza, reste-t-il une motivation pour se battre? »

Haaretz souligne qu’au milieu de l’année 2024, l’armée israélienne connaissait déjà une baisse du taux de réponse aux appels de réservistes. En mars, « seule la moitié environ des réservistes s’est présentée dans de nombreuses unités de l’armée ».

L’humeur se détériorera encore plus si de nouveaux soldats de l’armée rentrent chez eux dans des civières ou des cercueils, et si (comme c’est probable) de nouveaux otages israéliens meurent.

Pendant ce temps, Netanyahou est confronté à un énorme retour de flamme suite à son projet de licencier Ronan Bar, le chef du service de sécurité interne Shin Bet, ainsi que Gali Baharav-Miara, la procureure générale d’Israël, l’une de ses plus féroces critiques. En effet, 40 000 personnes sont descendues dans les rues de Tel-Aviv le 20 mars, et des manifestations ont éclaté dans d’autres villes israéliennes. Les manifestants se sont insurgés contre le « coup de force » de Netanyahou et contre la reprise de la guerre.

Pas de solution sous le capitalisme

Tant que Netanyahou s’accroche au pouvoir, il a intérêt à prolonger le conflit. Ce faisant, il joue avec le feu, un feu qui menace d’embraser toute la région.

Alors que le sionisme bénéficie toujours d’un fort soutien en Israël, Netanyahou et ses alliés d’extrême droite révèlent dans les faits qu’il n’y a pas de véritable « sécurité » pour les Juifs tant que le peuple palestinien est opprimé. Leur intensification de la guerre n’éliminera pas le Hamas et ne permettra pas de libérer les otages. Elle intensifiera cependant les crises au sein d’Israël, sur les fronts économique, social et militaire.

Ailleurs, alors que le nombre de victimes du nouveau siège et des bombardements de Gaza s’accumule, la colère des masses arabes contre la complicité des régimes égyptien et jordanien ne fera que croître. Il est tout à fait imaginable qu’à un moment donné, les tensions atteignent un point de rupture et qu’une nouvelle vague de révolutions arabes se déclenche.

En Occident, il devient de plus en plus clair pour des millions de personnes que les impérialistes n’ont pas de solution à cette crise. Le masque souriant de la démocratie bourgeoise tombe, révélant l’exploitation impitoyable des travailleurs et des pauvres du monde entier par une bande de milliardaires, qui sont prêts à tout pour défendre leurs intérêts.

Des millions de travailleurs ordinaires, de jeunes, de pauvres et d’opprimés à travers le Moyen-Orient sympathisent avec leurs frères et sœurs de Palestine et les soutiennent. Seul le renversement révolutionnaire de tous les responsables – les impérialistes, les sionistes et leurs régimes complices dans tout le Moyen-Orient – peut créer les conditions d’une véritable libération de la Palestine et mettre fin à l’horreur et à l’effusion de sang.