Non à la répression des campements de fortune!

Au lieu de fournir un logement aux sans-abris, les différents gouvernements du pays ont commencé à réprimer les campements de fortune. Le démantèlement du campement de la rue Notre-Dame à Montréal hier en est le plus récent et dégoûtant exemple. Nous disons : NON À LA RÉPRESSION DES CAMPEMENTS DE FORTUNE!

  • Mary Yahalom
  • mar. 8 déc. 2020
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Crédit : Libre de droits

Alors que les cas de COVID-19 atteignent des sommets historiques dans tout le pays, il en va de même pour le nombre de sans-abris. Des familles et des personnes qui pouvaient payer le loyer avant la pandémie se retrouvent maintenant dans des campements de fortune. Au lieu de fournir un logement à ces personnes pendant cette période difficile, les différents gouvernements du pays ont commencé à les réprimer. Le démantèlement du campement de la rue Notre-Dame à Montréal hier en est le plus récent et dégoûtant exemple. Nous disons : NON À LA RÉPRESSION DES CAMPEMENTS DE FORTUNE!

Un nouveau type d’itinérance

Dans un article paru en octobre sur le site de CBC, Eric Jonsson, travailleur social de Halifax, a qualifié la dévastation financière exacerbée par la pandémie de « nouveau type d’itinérance » : des gens qui, avant la pandémie, payaient leur loyer et leur hypothèque et sont maintenant à la rue. « Il y a beaucoup de nouveaux sans-abris, et le principal facteur est qu’ils n’ont simplement nulle part où aller », a-t-il dit. Et l’observation de Jonsson ne s’applique pas seulement à Halifax : des campements de fortune sont apparus dans toutes les grandes villes en nombre sans précédent. Même dans les endroits où ces campements existaient déjà, de nouveaux campements apparaissent à de nouveaux endroits. De plus en plus de travailleurs sont forcés de choisir entre rester dans des refuges surpeuplés où la distanciation sociale est impossible et où les équipements de protection sont rares, ou dormir dans la rue.

Même avant la pandémie, le Canadien moyen consacrait environ la moitié de son revenu au logement et, sans surprise, ce chiffre s’est rapproché des 80% à Vancouver et dans la région du Grand Toronto. Et comme environ la moitié des Canadiens vivent d’un chèque de paye à l’autre, toute baisse significative de leur revenu menacerait des millions d’entre eux de la perte de leur qualité de vie. Comme nous l’avons vu avec l’augmentation en flèche des campements de fortune, c’est précisément ce qui est en train de se passer avec la pandémie. Des millions de Canadiens ont perdu leur emploi depuis le mois d’avril, tandis que d’autres ont vu leurs heures de travail réduites ou ont subi des « licenciements temporaires » sans perspective de ravoir leur emploi.

Trudeau a tenté de calmer le jeu avec la PCU, bien que beaucoup de gens ne pouvaient pas y avoir accès à cause de leur situation d’emploi de l’an dernier. Nous avons donc une situation où beaucoup de gens sont laissés pour compte. La nécessité d’investir massivement dans le logement social pour fournir des logements d’urgence aux dizaines de milliers de personnes jetées à la rue était claire. Mais les différents niveaux de gouvernement ont au contraire dépensé des milliards pour renflouer les entreprises et se sont empressés de mettre en œuvre un déconfinement bâclé, en se pliant aux pressions des entreprises. 

Répression étatique et solidarité ouvrière 

Mal préparés face à la montée de l’itinérance, les gouvernements de tout le pays ont maintenant recours à une approche musclée, tentant de faire sortir le problème de leur champ de vision. Avec l’aide de la police, les campements de fortune ont été déplacés, démantelés, détruits et les sans-abris ont été forcés de se promener d’un quartier à l’autre de leur ville sans aucune solution réelle. 

Hier, le 7 décembre, nous avons assisté au triste spectacle dans lequel Valérie Plante, la mairesse supposément « de gauche » de Montréal, a envoyé la police anti-émeute pour démanteler le campement de la rue Notre-Dame. Dans sa conférence de presse, elle a affirmé que « c’était la chose à faire ». Cette attaque survient un mois après que Plante ait annoncé le budget 2021 de la Ville, dans lequel les fonds alloués au logement ont été réduits de 13 millions de dollars et ceux des services de police ont été augmentés de 14 millions de dollars. 

À Victoria, les sans-abris ont formé des campements sur un tronçon de deux blocs de la rue Pandora, près du plus grand centre de soutien aux sans-abris appelé Our Place (Notre endroit), qui ont éventuellement été démantelés par la police. Les sans-abris de Victoria ont alors déménagé environ six coins de rue plus bas, dans le parc Topaz, qui était suffisamment grand pour permettre une distanciation physique entre les tentes. Au bout de quelques semaines, cependant, les habitants des quartiers voisins ont commencé à se plaindre et la ville est revenue sur sa décision récente d’assouplir les lois sur le camping public. Une fois de plus, ceux qui n’ont pas bougé assez vite ont été chassés par la police. 

Les campements de fortune de Victoria ont maintenant déménagé au parc de Beacon Hill, où ils ont été accueillis par une incroyable démonstration de solidarité de la communauté locale qui a essayé d’installer des douches temporaires – et qui a récolté dix mille dollars pour le faire. À peine un jour après l’installation de ces douches, la police s’est présentée pour les enlever et confisquer des fournitures telles que des trousses de premiers soins, des couvertures, de la nourriture et du matériel de camping.

Ces actes de solidarité, également observés à Toronto, témoignent de l’instinct de la classe ouvrière plus large qui reconnaît dans la lutte des sans-abris sa propre lutte, surtout en temps de crise. Le mois dernier, le charpentier Khaleel Seivwright a reçu une lettre d’avertissement de la ville de Toronto alors qu’il construisait des abris mobiles pour les sans-abri. La lettre disait que Seivwright pourrait devoir payer les « frais de déménagement ». Une infirmière de rue interviewée par la CBC a qualifié les abris de mesure vitale alors que la ville ne fait rien. Chaque abri, doublé de fibre de verre, pourrait faire la différence entre la vie et la mort à l’approche du froid de l’hiver. Mais non seulement la ville ne fait-elle rien pour aider, mais elle s’oppose activement à tout effort pour abriter les sans-abris. 

PAS TOUCHE AUX CAMPEMENTS DE FORTUNE!

Avec le froid glacial qui s’installe, des milliers de sans-abris font face à une sombre situation. Les politiciens semblent penser qu’il est possible de faire disparaître l’itinérance par des mesures policières. Mais la réalité est que la plupart de ces personnes n’ont nulle part d’autre où aller.

C’est pourquoi nous disons : pas touche aux campements de fortune!

Le démantèlement des campements de fortune est une attaque contre la classe ouvrière dans son ensemble. Dans de nombreux cas, ce sont des travailleurs de la ville qui ont été envoyés pour les démanteler. Le mouvement ouvrier dans son ensemble doit refuser de participer au démantèlement des campements et doit participer activement à la résistance à toute initiative visant à utiliser la police pour réprimer les sans-abris. 

Mais il est évident que vivre dans un campement n’est pas une solution à long terme. Bien que cela semble être difficile à comprendre pour les politiciens au pouvoir, il existe une solution simple : loger les sans-abris immédiatement! Il y a des dizaines de milliers de maisons vides dans tout le pays, ainsi que des hôtels vides. Ce problème n’est donc pas dû à un manque de logements, mais à la propriété privée. L’expropriation des maisons vides pour loger les sans-abris, combinée à un investissement massif dans le logement social, peut agir comme une mesure palliative pour stopper la catastrophe.

Mais rien de tout cela n’est une solution à long terme. L’existence de l’itinérance de masse au moment même où le gouvernement fédéral a lancé le plus grand programme de dépenses publiques de l’histoire du pays devrait suffire à nous faire comprendre que le capitalisme est pourri jusqu’à la moelle. Il est temps pour nous de mettre un terme au système capitaliste qui nous enfonce de plus en plus dans la misère.