C’est à Montréal lundi dernier que s’est poursuivie la tournée nord-américaine d’Alan Woods, alors que ce dernier donna une présentation, portant sur Mai 68 en France, à un auditoire de plus de 70 personnes, constitué en majorité d’étudiants. Le tout fût organisé par la Tendance marxiste internationale, en collaboration avec le Comité étudiants-es socialistes de l’UQAM. À la suite des événements récents du Printemps érable, la visite de l’éditeur du site internet In Defense of Marxism constitua une bonne opportunité pour donner une nouvelle orientation à la lutte politique au Québec.Non seulement en tant que théoricien marxiste important du XXIe siècle, mais également en tant que participant aux événements qui se déroulèrent en France à l’époque, Woods donna une présentation qui expliqua toute l’importance d’amener la classe ouvrière au sein du mouvement de contestation politique. Puisqu’ils assurent la production, seuls les travailleurs possèdent la force nécessaire pour renverser le capitalisme. Toutefois, ces derniers ne sont pas nécessairement conscients de ce pouvoir. Ainsi, la grève générale de Mai 68 illustre parfaitement le rapport de force que détiennent les masses.D’abord, Woods rappela l’importance de ne pas considérer Mai 68 en France comme un simple mouvement étudiant. De plus, il est venu à expliquer que personne à l’époque n’avait pu prédire l’avènement d’une situation pareille. L’idée d’une stabilité dans les rapports de classes, à la suite de gains considérables des ouvriers, circulait au sein de la société française. Même les organisations ouvrières niaient la possibilité d’une contestation aussi virulente du capitalisme. Néanmoins, les événements de Mai 68 réfutèrent les arguments évoqués ci-dessus.Intéressés par la présentation, plusieurs participants prenaient des notes et le tout mena à une discussion à propos de la composition actuelle de la classe ouvrière. Tandis que plusieurs s’interrogeaient sur l’existence de celle-ci et de son unité, Woods répondit que la classe ouvrière évolue, dans la mesure où les moyens de production évoluent aussi, mais qu’elle est bel et bien présente dans la société d’aujourd’hui. Pointant l’ampoule au plafond, Alan démolit complètement cet argumentaire en demandant : « Qui a posé cette ampoule au plafond? A-t-elle apparu par magie? » Il déplora le fait que certains étudiants soient déconnectés de la réalité, en citant le poème Les Aveugles de Baudelaire, pour expliquer que ceux qui ne voient pas la classe ouvrière ne veulent tout simplement pas la voir. Elle apparaît d’ailleurs actuellement, dans toute sa grandeur, dans les mouvements de contestation contre les mesures d’austérité qui se déroulent en Grèce, en Espagne et en Angleterre. Ironiquement, ces questionnements n’étaient pas sans rappeler ceux évoqués par « la gauche », avant Mai 68.Somme toute, se déroulant dans un climat d’enthousiasme, l’événement fut un franc succès. D’ailleurs, la discussion continua de façon non officielle par après, et plusieurs auditeurs qui voulaient en apprendre davantage sur le marxisme repartirent avec différents écrits politiques. Malgré que le mouvement de Mai 68 ne résultât pas au renversement de l’État bourgeois, Woods laissa sur une note optimiste les gens présents à l’événement en concluant fermement par les mots suivants :

« Vive la jeunesse héroïque du Québec,

Vive l’unité des étudiants et la classe ouvrière,

Vive la lutte révolutionnaire,

Pour le socialisme au Québec, au Canada, en Amérique et dans le monde entier! »