Des supporters des journaux marxistes La Riposte et Fightback se sont récemment rencontrés à Toronto pour la 13eme conférence nationale des marxistes du Canada.  Ce fut une conférence historique pour plus d’une raison. Tout d’abord, plus de 60 personnes s’étaient inscrites à la rencontre, ce qui en a fait la plus achalandée de toute l’histoire des marxistes canadiens. Plus important encore, c’était la première conférence nationale entièrement bilingue, où toutes les présentations et discussions ont été traduites au fur et à mesure en français et en anglais.  Finalement, la conférence a eu lieu précisément lors du centenaire de la naissance du marxiste britannique Ted Grant. Ses idées ont été mises de l’avant durant toute la fin de semaine pour bien armer une nouvelle génération de militants dans la lutte contre le capitalisme.

L’attraît grandissant des idées marxistes dans les milieux de gauche était visible lors de la conférence, car c’était la première fois pour plus d’un tiers des gens présents qu’ils participaient à un tel rassemblement national.  La délégation québécoise, où l’on retrouvait plusieurs étudiants radicalisés par les événements du Printemps Érable, était plus nombreuse que jamais, conséquence directes de l’action de La Riposte et deFightback dans la grève étudiante de l’an dernier. Les invités ont aussi eu la joie d’accueillir des camarades de la Worker’s International League de Pittsburgh. De plus, Fred Weston, éditeur et coordonateur d’In Defence of Marxism était là en tant qu’invité spécial.  Les activités de nos camarades ont retenu l’attention des révolutionnaires partout dans le monde; c’est avec un plaisir certain que la conférence a reçu les salutations de la  France, de l’Espagne, de la Grèce, de L’Égypte, de la Hongrie, du Danemark, de l’Argentine, d’Indonésie, et même de la  Nouvelle-Zélande!

On constate partout dans le monde l’entrée des jeunes et des travailleurs en politique.  Fred Weston a ouvert la conférence par une présentation portant sur les perspectives mondiales. L’introduction de Fred expliquait la nature de la présente crise économique et la abordait le sujet de l’incapacité du capitalisme à s’en sortir. Près de cinq ans ont passé depuis le crash financier de 2008 et il n’y a toujours pas de signe de reprise. En fait, les derniers bilans de l’Union Européenne montrent que la crise économique s’aggrave.  En Espagne, par exemple, on a récemment atteint un sommet historique de 6 millions de chômeurs. Même les économiques plus  « stables » de la France et de la Grande-Bretagne s’enlignent vers une autre récession.  Fred a prédit qu’en France et en Italie, il y avait un risque particulièrement élevé d’une explosion sociale dans un futur assez proche.

La crise économique a entraîné une crise du réformisme.  Fred a expliqué pourquoi les chefs des partis de gauche d’Europe n’auraient pas le choix de continuer à appliquer l’austérité des patrons s’ils refusaient de sortir de la logique du capitalisme.  Il a aussi mis l’emphase sur la décevante « tournée mondiale » d’Alexis Tsipras, le chef de SYRIZA en Grèce, qui a fait beaucoup d’efforts pour réassurer les investisseurs financiers qu’un gouvernement de SYRIZA ne ferait « rien de stupide » s’il était porté au pouvoir en Grèce.  En d’autres mots, Tsipras accepterait les diktats des grands capitalistes.  Ce n’est toutefois pas ce que les masses grecques souhaitaient quand ils ont voté pour SYRIZA l’an dernier; Fred a cite un sondage d’opinion qui montrait que près de 85% des grecs s’attendaient à un changement radical dans la situation actuelle, un tiers desquels proposait  carrément la révolution !  L’hésitation des réformistes de gauche n’amène que du désenchantement chez la classe ouvrière d’Europe qui cherche désespérément un moyen de se sortir de la misère de l’austérité.

Les perspectives mondiales amenées par Fred ont mené naturellement à la présentation d’Alex Grant sur les perspectives canadiennes, en début d’après midi le premier jour. (Un document de discussion sur ces perspectives sera bientôt publié par Fightback.)  Le thème predominant de cette discussion était qu’il existe une colère brûlant dans la société canadienne, mais pas d’organisation capable de canaliser cette colère.  Les leaders des organisations de masse de la classe ouvrière – les syndicates et le NPD – ont été incapables de fournir la direction aux travailleurs et à la jeunesse. Dans plusieurs cas, le leadership bureaucratique et réformiste de ces organes tentent activement de contenir tout mouvement de la part des travailleurs, comme l’a démontré récemment le virage à droite du NPD lors de sa convention fédérale à Montréal et la trahison des syndicats envers les professeurs de l’école publique en Ontario.

Malgré ces efforts pour contenir le mouvement ouvrier, on assiste sporadiquement à des explosions de mécontentement partout au pays, principalement venant des jeunes, comme par exemple lors du mouvement de grève étudiante du Québec, de #Occupy et d’Idle No More.  Aussi militants et courageux que soient ces mouvements, ils partagent une faiblesse en ce qu’ils manquent de structure stable ou de leadership reconnu qui leur permette de se regrouper pour une lutte future.

Alex a aussi mis l’emphase sur le fait que malgré la faiblesse actuelle du leadership du mouvement ouvrier, la situation ne saurait continuer de même pour toujours.  À un certain point, une étincelle pourrait tout faire sauter, et la classe dirigeante canadienne doit faire très attention.  On a pu voir des signes annonciateurs de cette possibilité récemment dans la grève sauvage des gardiens de prison albertains, qui a failli s’étendre à tout le secteur public de la province.  Le fait que cette étincelle ait faille venir de travailleurs carcéraux dans la province la plus conservatrice du Canada veut tout dire; l’explosion de la classe ouvrière au Canada pourrait provenir de n’importe où.

Suivant la présentation d’Alex, il y a eu une excellente discussion sur la nature du leadership et ses relations avec la classe ouvrière en général, où des camarades ont offert leur point de vue en anglais comme en français. Les camarades sont sortis de cette discussion avec une compréhension plus claire du potentiel pour la lutte et des tâches à accomplir pour les révolutionnaires combattant l’état canadien.

L’appel financier annuel traditionnel fut lancé après la pause du souper.  Les camarades, inspirés par l’énergie ambiante après les présentations de la journée, ont pu soulever des fonds record à la conférence. Dans un esprit amicalement compétitif, ils se sont surpassés les uns les autres pour amasser plus de 10,000 $. Des camarades qui ne pouvaient être presents ont aussi contribué à ce montant, plus du double de celui collecté l’année précédente !  Cet incroyable demonstration d’engagement et de sacrifice, de la part d’étudiants et de travailleurs à temps partiel, prouve que les camarades comprennent l’urgence de bâtir la tendance révolutionnaire en ces temps de crise.

Le deuxième jour de la conférence était centrée sur les moyens d’utiliser les perspectives de la journée d’avant pour bâtir les forces marxistes dans tout l’état canadien. Camilo Cahis et Joel Bergman ont entamé une discussion sur la façon de répandre les idées marxistes dans le mouvement ouvrier, et sur l’importance de consolider les finances des journaux Fightback et La Riposte pour atteindre ce but.  La levée de fonds historique de la veille sera très utile pour engager un coordonateur régional au Québec, une tâche dont nous avons désespérément besoin pour diffuser plus avant les idées marxistes dans cette province.  De plus, les camarades se sont fixes des buts ambitieux en ce qui a trait à l’écriture d’articles, aux ventes de journaux et aux abonnements, visant à distribuer La RiposteetFightback à plus de gens encore.

La conférence coïncidait aussi avec le lancement de la nouvelle biographie politique de Ted Grant.  Malheureusement, les idées de Ted sont méconnues en Amérique du nord.  Les camarades étaient enthousiastes à l’idée de contrer cet état de fait, surtout alors que les idées de Ted sont plus pertinentes que jamais.  Après la conférence, Fred Weston prévoit des rencontres pour le lancement du livre à Toronto et Montréal.  Ceux qui étaient presents à la conférence ont acquis leur copie du livre et se sont promis d’organiser une série de discussions sur les contributions de Ted à la théorie Marxiste après la mort de Trotsky.

Pour souligner le caractère international de la lutte des classes, Fred Weston est revenu pour donner une dernière présentation sur les activités des marxistes partout dans le monde. Le succès des marxistes pakistanais, qui ont accueilli plus de 2800 personnes à leur récente conférence, et leur combat contre la fraude électorale envers le camarade Ali Wazir, qui a défait à la fois les pro-talibans et les pro-impérialistes au sud du Waziristân lors des élections pakistanaises, a particulièrement soulevé l’intérêt des camarades présents.  Cela a démontré aux participants que leur lutte contre la bourgeoisie au Canada n’était pas isolée, et que la lutte des classes au Canada fait partie d’une lutte encore plus large contre le capitalisme, qui se joue à l’échelle mondiale.  Pour conclure la conférence, les marxistes canadiens ont entonné l’Internationale, en anglais et en français, confiants de retourner chez eux pour continuer la lutte pour le socialisme.

Regardez des photos de la conférence dans notre Album sur Flickr.

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