Plus de 110 révolutionnaires se sont réunis à Toronto les 20-22 mai derniers pour le 17e Congrès annuel de La Riposte socialiste et Fightback, supporters de la Tendance marxiste internationale au Canada. Des camarades de Montréal, Waterloo, Hamilton, Ottawa, Oshawa et Edmonton se sont déplacés pour le Congrès de trois jours, en plus d’invités provenant de la Suède et du Royaume-Uni. Le niveau d’enthousiasme était extrêmement élevé dans ce Congrès qui a souligné les avancées significatives du mouvement marxiste au Canada et au Québec.

En ce 100e anniversaire de la révolution russe, les marxistes sont en marche. Le Congrès a connu une augmentation de 50 % du nombre de participant-es comparée à l’an dernier, ce qui reflète une croissance similaire du nombre de militant-es de l’organisation depuis l’été dernier. Nous avons développé de nouvelles sections locales, notamment dans le sud de l’Ontario et en Alberta. La TMI au Canada est maintenant présente sur environ 15 campus, et le récent lancement de La Riposte socialiste étudiante vise à solidifier ces avancées.

Le Congrès, se déroulant dans le quartier historiquement pauvre de Regent Park, s’est ouvert le samedi matin sous un tonnerre d’applaudissements. Environ la moitié de la salle était composée de nouveaux visages qui n’avaient jamais participé à un tel événement. Toutes les discussions furent bilingues, grâce à la traduction consécutive en français et en anglais, permettant aux participant-es de s’exprimer dans la langue de leur choix. La première présentation fut donnée par le camarade Fred Weston, rédacteur en chef du site Web In Defence of Marxism. Il a parlé de la situation économique et politique mondiale, soulignant la montée du protectionnisme et du nationalisme, et de la menace qu’ils représentent pour le capitalisme. Ces politiques sont la conséquence logique de la contraction du marché mondial et de la tentative des différents groupes de capitalistes nationaux de protéger leurs marchés nationaux. 

Fred a ensuite expliqué que la polarisation sociale s’est répandue en Europe et aux États-Unis, avec des virages en masse vers le réformisme de gauche et le populisme de droite. Il a parlé du fait que de nombreux partis traditionnels qui sont vus comme faisant partie de l’establishment, incluant les partis sociaux-démocrates, ont connu une baisse d’autorité et d’appuis. Il s’agit là de l’expression de la colère contre le statu quo qui bouillonne chez les masses. Il a souligné que dans la plupart des pays capitalistes avancés, les sondages montrent que la jeunesse est de plus en plus intéressée à l’idée de révolution. Dans un sondage de 2017, une majorité de jeunes dans la plupart de ces pays d’Europe a répondu à l’affirmative à la question de savoir s’ils participeraient à un soulèvement contre le gouvernement.

La deuxième séance fut tenue le samedi après-midi et portait sur les perspectives canadiennes. La présentation fut l’œuvre de Farshad Azadian, qui commença par expliquer la force du « centre » politique canadien et le soutien continu aux libéraux fédéraux. Il a mis en lumière le fait que les analystes internationaux comme The Economist ont noté le contraste entre la situation canadienne et l’instabilité politique que l’on voit partout ailleurs. Farshad a souligné qu’une partie de l’explication se trouvait dans le fait qu’après la crise financière de 2008, le Canada s’en est sorti beaucoup mieux que la plupart des pays capitalistes avancés alors que le taux de croissance moyen a été plus élevé ici. Cependant, sous la surface, l’économie est fragile à cause du ralentissement des secteurs pétrolier et minier, du déclin du secteur manufacturier et de la menace de tarifs douaniers provenant des États-Unis. Le secteur immobilier est maintenant le principal moteur de l’économie canadienne. La bulle immobilière massive qui s’est développée éclatera tôt ou tard, et nous pouvons voir le danger imminent d’une récession au Canada.

La discussion sur les perspectives s’est déroulée le dimanche matin, avec des interventions sur les mouvements sociaux et les luttes syndicales au Québec ainsi que les développements à gauche comme à droite dans la province. Des contributions ont été apportées sur la situation politique en Alberta, au Manitoba, en Nouvelle-Écosse, ainsi que sur le mouvement de masse contre l’austérité à Terre-Neuve. D’excellentes contributions ont porté sur la crise au sein du mouvement syndical et sur le début d’un rejet de la bureaucratie du mouvement ouvrier par les travailleur-euses de la base.

Lors du dimanche après-midi, Joel Bergman a donné une présentation portant sur l’état de notre organisation et les priorités pour l’année qui vient. Il a parlé des énormes succès que La Riposte socialiste a connus au cours des deux dernières années, et a souligné le besoin d’éduquer et de former de nouveaux organisateurs révolutionnaires. Il a insisté sur le besoin de l’éducation révolutionnaire afin d’y arriver. Joel a parlé du fait que La Riposte socialiste jouait un rôle de plus en plus important dans les mouvements protestataires, notamment dans la lutte anti-Trump et le mouvement syndical. La Riposte socialiste fait ses premiers pas pour développer une base chez les syndiqué-es, et l’un des éléments importants de notre succès a été de connecter la jeunesse étudiante révolutionnaire aux luttes ouvrières qui éclatent dans le pays. 

Le camarade Donovan Ritch a quant à lui donné la présentation lors de la séance sur les finances et la presse, lundi matin. Il a parlé de l’importance de l’indépendance financière comme seul gage de notre indépendance politique à l’égard des syndicats étudiants et ouvriers et des bureaucraties sociales-démocrates. Il a souligné l’importante avancée que fut l’embauche de deux nouveaux permanents l’an dernier, dont notre premier permanent francophone à Montréal. Donovan a expliqué que notre nouvelle imprimante numérique avait été commandée tout juste avant le Congrès, ce qui permettra de professionnaliser et d’étendre la portée de notre presse révolutionnaire.

Des soirées festives très réussies eurent lieu le samedi soir et le dimanche soir. Le premier soir, une collecte de fonds fut organisée. L’enthousiasme des camarades a été démontré par le fait que nous avons recueilli plus de 25 000$. Nous avons ainsi pulvérisé nos ambitieux objectifs et avons largement dépassé notre précédent record. Lors de la soirée du dimanche, un spectacle de variétés fut organisé, où les camarades ont partagé des chansons, poèmes et sketchs révolutionnaires. Les chansons en différentes langues reflétaient la variété des pays d’origine des camarades présents. En plus de la musique et des discussions informelles autour d’un verre, deux commissions furent organisées pour discuter du développement de l’organisation au sud de l’Ontario et de notre travail syndical. Il y a également eu un rapport très complet sur le travail du caucus que nous avons initié auprès de la base de la section locale 113 du Syndicat uni du transport (soit les travailleur-euses du transport public à Toronto). Le caucus a été créé dans le cadre du scandale autour de la direction du syndicat, et les camarades de tout le pays ont écouté avec attention le rapport sur l’expérience et les leçons de cette lutte.

La dernière session du Congrès fut un rapport des activités de la Tendance marxiste internationale tout autour du globe. Fred Weston fut appelé à présenter le travail des marxistes dans nos sections soeurs, lui qui, en plus, avait récemment visité plusieurs d’entre elles. Il a rapporté les activités des marxistes de la Suède au Pakistan, du Brésil à l’Italie, de l’Australie aux États-Unis. Il y avait un réel sentiment que la lutte que nous menons ici, au Canada, fait partie d’une lutte commune pour renverser le capitalisme à l’échelle mondiale.

Les camarades ont conclu le Congrès en entonnant l’Internationale et Bandera Rossa, chanson révolutionnaire italienne. Les militant-es ont quitté le Congrès remplis d’enthousiasme à la vue des énormes possibilités qui se présentent à nous pour la construction du mouvement marxiste. À une époque où presque toute la gauche canadienne est en crise, confuse ou en déclin, La Riposte socialiste aligne les avancées majeures. Nous avons construit l’organisation révolutionnaire la plus large et organisée de tout le pays.

En même temps, nous comprenons que nous en sommes toujours aux premiers pas et que nos forces sont encore modestes. De grandes luttes se préparent au Canada. Des secousses dans la politique mondiale et la crise de l’économie canadienne paveront la voie pour de grands mouvements. Nous avons construit une organisation audacieuse, jeune et énergique, armée des idées les plus efficaces dans la lutte pour l’émancipation de l’humanité; les idées du marxisme. Le besoin impératif est ressenti par les militant-es d’amener ces idées, ces méthodes et ces traditions dans les campus, les mouvements protestataires et les luttes ouvrières qui se développent au pays. Notre but pour les années à venir est de faire de La Riposte socialiste un point de référence pour les couches avancées de la classe ouvrière et de la jeunesse au Canada.