Il m’a expliqué qu’il perdait chaque année des doigts à cause d’engelures et que, cette année, il avait finalement perdu son dernier doigt. Sans gants, les doigts de cet homme n’avaient aucune chance de résister aux hivers froids de l’Alberta où il vit dans la rue.
L’organisme de bienfaisance fait des appels aux dons chaque année : vêtements, bas, gants, manteaux, bottes, etc.
Mais l’organisme de bienfaisance fait également passer le message qu’il est préférable de faire des dons mensuels en argent. Cela permet de venir en aide aux sans-abri tout au long de l’année, supposant que ça permette l’achat de tous les articles nécessaires.
Beaucoup de gens bien intentionnés répondent à ces appels et font des dons généreux. Le problème? Personne n’est responsable d’acheter les gants. L’argent collecté en période de crise ou d’urgence ne sert pas à répondre aux besoins immédiats comme l’organisme le prétend, mais à financer ses activités principales.
Aucun gant n’est acheté pour les personnes sans-abri, et maintenant cet homme n’a plus de doigts. Mais il y a pire. Il y a en fait des boîtes et des boîtes de gants qui portent même le logo de l’organisme. Mais ils ne sont pas destinés aux sans-abri. Ils sont destinés aux donateurs qui contribueront à une course de financement qui aura lieu prochainement.
Ce n’est pas un incident isolé. L’an dernier, lors d’une grave pénurie de chaussettes, le personnel et les bénévoles ont reçu des chaussettes portant la marque de l’organisme lors de la fête de Noël. Et pendant les vagues de chaleur de l’été, alors qu’on avait cruellement besoin de bouteilles d’eau, malgré un taux record de dons, pas une seule bouteille d’eau n’a été achetée.
La charité capitaliste c’est des gants pour les donateurs, pas pour les sans-abri.