Photo : André Querry/Flickr

Les travailleurs de la Société québécoise du cannabis (SQDC) syndiqués avec le SCFP-5454 sont en grève depuis maintenant 20 semaines. Les attaques antisyndicales de la direction de la SQDC pour briser les travailleurs ont provoqué une escalade des moyens de pression qui ont abouti à la grève dans plus d’une vingtaine de succursales à travers la province. Près de cinq mois après le début de la grève, les patrons font encore piétiner les négociations à coup d’injonctions et d’offres à rabais. Avec la flambée de l’inflation, encore plus qu’avant, les travailleurs n’ont pas le choix de lutter bec et ongles pour défendre leurs conditions de vie et de travail.

Les syndiqués du SCFP-5454 demandent notamment des salaires similaires aux employés de la Société des alcools du Québec (SAQ), dont la SQDC est une filiale. Ils demandent aussi plus de stabilité dans les horaires et dans les transferts entre les succursales. Actuellement, une grande partie des travailleurs sont à temps partiel et sont obligés d’avoir un second emploi pour survivre. Ils doivent être disponibles tous les jours de la semaine sans aucune garantie sur leur nombre d’heures, qui varie selon le bon vouloir des gestionnaires. Travailler à la SQDC dans ces conditions, c’est une condamnation abjecte à la précarité.

Leur convention collective est échue depuis décembre 2021. Le syndicat essaie d’en négocier une nouvelle depuis bien avant cette date, mais il se bute jusqu’à maintenant au mépris total de la direction. Au lieu de négocier, la SQDC préfère en fait s’attaquer aux travailleurs et refuse même de reconnaître le syndicat dans les succursales nouvellement syndiquées. Lorsque les travailleurs ont commencé à changer leur tenue vestimentaire en guise de moyen de pression, les patrons ont répondu en les suspendant sans solde, ce qui n’est en fait qu’un lock-out déguisé. Plus de trois mois plus tard, le président du syndicat était encore suspendu. 

Désertant la table de négociation, l’employeur s’est affairé à obtenir plusieurs injonctions dans le but de limiter la capacité des syndiqués du SCFP-5454 à se défendre. Lorsque les travailleurs de la succursale d’Aylmer ont rejoint la grève, la SQDC s’est basée sur des détails pour faire déclarer cette grève illégale par le tribunal administratif du travail. Des gestionnaires sont même allés jusqu’à appeler la police pour intimider les travailleurs. Clairement, du point de vue des patrons, tous les moyens, aussi vils soient-ils, sont bons pour briser les travailleurs.

Avec ses 66 millions de profits générés en 2021, la SQDC pourrait pourtant mieux rémunérer les travailleurs et leur donner des horaires plus stables. Que l’entreprise combatte aussi obstinément les demandes des travailleurs est d’autant plus aberrant lorsqu’on considère que c’est une entreprise d’État. La réalité est que même en étant une entreprise publique, tout comme la SAQ, Hydro-Québec, Loto-Québec, etc., la SQDC fonctionne principalement pour faire du profit. Pour augmenter les revenus de la SQDC, les gestionnaires ont donc intérêt à maintenir les salaires bas. 

Alors même que les syndiqués du SCFP-5454 sont sur le pavé en train de défendre leurs conditions de travail, la SQDC ferme des succursales pour accorder des vacances aux gestionnaires. Et scandaleusement, les dirigeants de l’entreprise se rémunèrent allègrement pour s’être tourné les pouces toute l’année alors que les travailleurs qui font rouler la SQDC, même pendant la pandémie, sont poussés dans la pauvreté. Jacques Farcy, le président et chef de la direction de la SQDC, s’est réservé un exorbitant 305 000 dollars par an. 

Le SCFP-5454 représente des travailleurs de près d’une trentaine de succursales à travers la province dont la majorité mène courageusement cette lutte contre l’avarice du patronat. La SQDC peut toutefois se permettre de continuer à faire la sourde oreille, même après cinq mois de grève. Ceci est dû au fait que la majorité des succursales de la SQDC ne sont pas syndiquées et continuent à fonctionner à travers le Québec. L’impact de la grève serait beaucoup plus grand si l’ensemble des succursales étaient en grève. Les patrons se basent sur les autres succursales pour mener une guerre d’attrition contre les syndiqués du SCFP-5454. Il est essentiel de syndiquer les non-syndiqués de la SQDC pour renforcer les prochaines luttes.

La direction se sent encore plus renforcée dans sa position belliqueuse par la division entre les deux syndicats représentant les travailleurs. La SQDC-CSN qui représente des travailleurs d’une quinzaine de succursales a signé une entente de principe en juin. Cette entente dont les gains sont minimes et inférieurs à ce que demandent les membres du SCFP-5454 met la pression dans le mauvais sens. L’entente comprend un salaire d’entrée de 19 dollars l’heure avec un maximum de 23 dollars l’heure après sept ans. Ayant reçu cette même offre, largement insuffisante, les syndiqués du SCFP-5454 l’ont correctement rejetée à l’unanimité. Pour résister aux attaques de la SQDC, et faire des gains réels, il faut faire front uni. L’union fait la force des travailleurs. La lutte héroïque actuelle des travailleurs de la SQDC laisse entrevoir le futur du reste du mouvement ouvrier. Le reste du mouvement, y compris le SQDC-CSN, doit donc le traiter comme tel et se mobiliser massivement en solidarité avec le SCFP-5454.

Solidarité avec les grévistes du SCFP-5454!

Victoire aux travailleurs!