Le meurtre policier brutal de Tyre Nichols suscite l’indignation à Memphis et au-delà

L’indignation face à la violence policière a éclaté une fois de plus à travers les États-Unis. Les manifestations ont commencé à Memphis le vendredi 27 janvier, après la diffusion d’une vidéo montrant des policiers battant à mort Tyre Nichols, 29 ans, photographe et employé de FedEx. Des manifestations ont eu lieu dans au moins 38 villes du pays.

  • Jon Lange
  • mer. 1 févr. 2023
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Photo : Ivan Radic, Flickr

L’indignation face à la violence policière a éclaté une fois de plus à travers les États-Unis. Les manifestations ont commencé à Memphis le vendredi 27 janvier, après la diffusion d’une vidéo montrant des policiers battant à mort Tyre Nichols, 29 ans, photographe et employé de FedEx. Des manifestations ont eu lieu dans au moins 38 villes du pays.

Cinq policiers ont traîné Nichols hors de son véhicule pour le marteler de coups de pied, de poing et de matraque, et l’ont attaqué avec du gaz lacrymogène et des tasers, alors qu’il appelait sa mère en panique. Les images révoltantes d’un jeune homme noir qui se faisant agresser mortellement par la police sont bien trop familières de nos jours, mais le caractère tragiquement routinier de la scène ne la rend pas moins perturbante. La raison invoquée pour ce contrôle routier mortel était la « conduite dangereuse ». La cheffe de police de Memphis, C.J. Davis, a admis plus tard que la police n’avait aucune preuve justifiant légalement d’interpeller Nichols. 

Pour l’instant, les manifestations sont loin de l’ampleur et de l’intensité du soulèvement national de juin 2020 qui a suivi le meurtre de George Floyd. La peur de la classe dirigeante d’une répétition de ces événements dramatiques est palpable. Les politiciens et les chefs de police de tout le pays se sont bousculés pour appeler au « calme ». Leur peur explique pourquoi les cinq policiers meurtriers ont été inculpés de meurtre au second degré même avant la diffusion publique du vidéo. Leur peur explique également pourquoi l’unité dont ces policiers faisaient partie – l’unité dite SCORPION – a été « désactivée de façon permanente » le lendemain du début des manifestations. 

En plus de ces demi-mesures cyniques, les représentants des capitalistes se sont montrés prodigues en phrases vides et hypocrites. La cheffe de police Davis a qualifié le meurtre de « manque fondamental d’humanité ». Le directeur du FBI, Christopher Wray – l’homme qui dirige l’agence responsable de l’exécution à bout portant, pendant son sommeil, de Fred Hampton, un leader du Black Panther Party – s’est dit « consterné » par la vidéo. Le procureur général Merrick Garland aurait trouvé les images « profondément dérangeantes ». Au sujet de cet acte dégoûtant de brutalité policière, le président démocrate Joe Biden a dit : « La mort de Tyre nous rappelle douloureusement que nous devons faire plus afin d’assurer que notre système de justice pénale soit à la hauteur de la promesse d’une justice équitable et impartiale, d’un traitement égal et de la dignité pour tous. » 

Mais ni les réformes bricolées de la classe dirigeante, ni sa rhétorique sur la « justice impartiale » et la « dignité pour tous » n’arrivent aux causes réelles de la violence et des meurtres commis par les policiers que l’on voit si souvent aux États-Unis. La brutalité choquante des policiers, qui touche particulièrement les communautés noires et les autres minorités, est profondément enracinée dans le capitalisme américain. Comme Socialist Revolution l’a déjà expliqué

« Il est impossible pour une petite minorité d’exploiter la grande majorité sans “corps armés” pour imposer sa volonté. Ceci est particulièrement vrai lorsque les conditions de vie de la grande majorité sont déjà mauvaises et se détériorent rapidement […]

Les lois, l’inertie sociale, l’idéologie, la propagande, la religion, le principe de “diviser pour mieux régner” et tout le reste ne sont pas suffisants pour maintenir la population sous contrôle en permanence. Pour conserver le statu quo et pour donner l’exemple à ceux qui le remettent en question, la pleine force répressive de l’État tombe sur telle ou telle partie de la population, parfois de manière sélective, parfois sans discernement. »

Il y a près de dix ans, lorsque le mouvement Black Lives Matter a éclaté, beaucoup de militants contre la violence policière ont demandé que les corps de police engagent plus d’hommes et de femmes noirs. Pourtant, à Memphis, les cinq policiers impliqués sont tous noirs, et la cheffe de police Davis est une femme noire. Elle a été présidente de la National Organization of Black Law Enforcement Executives et, en 2020, elle a fait une apparition à Good Morning America pour demander des « changements drastiques et des réformes policières » suite au meurtre de George Floyd. Et pourtant, elle a permis le maintien de l’unité SCORPION – un acronyme orwellien qui signifie « Street Crimes Operation to Restore Peace In Our Neighborhoods » (« Opérations contre les crimes de rue afin de rétablir la paix dans nos quartiers »). De quelle manière la race ou le genre des policiers meurtriers et de leur cheffe ont-ils changé l’issue de la rencontre fatale entre Tyre Nichols et les « corps armés » de l’État capitaliste? 

En dernière analyse, le racisme, l’inégalité et la violence policière sont tous des fonctions d’une société de classes. Malgré les cris d’orfraie de leurs représentants devant les caméras, la petite minorité de capitalistes qui possède et contrôle les États-Unis compte sur la cruauté vicieuse de la police pour assurer sa survie en tant que classe. Même le meurtre aveugle d’un employé de FedEx sans défense comme Tyre Nichols joue un rôle essentiel pour maintenir leur contrôle. Ce n’est que dans les rêves des utopistes que la classe dirigeante pourrait se passer d’une telle violence. Mais il existe une force qui peut mettre fin à la terreur policière une fois pour toutes : la classe ouvrière. 

Contrairement à un état capitaliste, un État ouvrier n’imposerait pas la volonté d’une petite minorité sur l’immense majorité de la société. Ce serait plutôt la grande majorité qui contrôlerait une minorité infime, qui serait absorbée organiquement dans la population générale, à mesure que les inégalités et les classes disparaîtraient avec le temps. Même si l’usage de la force ne peut pas être exclu, un état ouvrier sain n’aurait pas besoin de s’appuyer sur un barrage incessant de violence aveugle et systématique, comme le pouvoir étatique l’a fait dans toutes les formes antérieures de société de classe. 

Du génocide des peuples autochtones d’Amérique du Nord à la brutalité de l’esclavage, des massacres de Ludlow et d’Italian Hall aux meurtres de Trayvon Martin, Michael Brown, Eric Garner, Breonna Tayler, George Floyd, Tyre Nichols et d’innombrables autres, l’histoire du capitalisme américain est un festival des horreurs presque sans égal dans les annales de l’histoire humaine. Mais cela ne devrait pas nous démoraliser pour un seul moment. Le capitalisme américain a déjà produit la puissante armée qui mènera à sa chute : la classe ouvrière, forte de plusieurs millions de personnes. 

Les manifestations et les soulèvements contre la brutalité policière n’offrent qu’un aperçu du pouvoir immense que notre classe mettra en œuvre dans la révolution socialiste à venir. Les conditions de cette révolution sont en train de mûrir sous nos yeux. Mais pour que la lutte soit victorieuse, la classe ouvrière doit s’organiser et être dirigée par un parti révolutionnaire guidé par la théorie et les méthodes du marxisme. La TMI est en train de construire une telle organisation, et si vous êtes outrés du flot incessant de violence raciste et de souffrance humaine, nous vous invitons à nous rejoindre dans la lutte pour le socialisme de notre vivant. 

Pour l’unité de la classe ouvrière!

Une attaque contre l’un est une attaque contre tous!

Pour combattre les policiers assassins, combattons le capitalisme!