Au Québec, nous devons être fières d’avoir les frais de scolarité les plus bas en Amérique du Nord. Si nous en sommes arrivé à ce résultat, ce n’est pas grâce aux bonnes intentions de nos dirigeants, mais, bel et bien, grâce aux combats acharnés menés pas les étudiants-es. Le mouvement étudiant en est à sa neuvième grève générale illimitée en quarante ans. À chaque fois que le gouvernement québécois a voulu restreindre l’accessibilité des études post-secondaires aux gens les plus pauvres, un mouvement large de solidarité étudiante s’est enclenché. L’ultime demande de chaque grève étudiante est la gratuité scolaire, mais, malheureusement, celle-ci n’a jamais été obtenue. En 2005, à l’apogée de la mobilisation, lorsque près de 250 000 étudiants-es étaient en grève générale illimitée, le gouvernement a reculé et il a laissé les 103 millions en bourse. Malgré cette mobilisation monstre, le gouvernement n’a pas instauré la gratuité scolaire.

Aujourd’hui, un tel mouvement se met en branle, les objectifs des associations étudiantes sont de faire reculer la hausse des frais de scolarité annoncée de 1 625 dollars par année dans une perspective de gratuité scolaire. Les mesures d’austérité du gouvernement québécois s’inscrivent dans une logique mondiale. Dans la dernière année, au Chili, en Angleterre, en Grèce, en Espagne,… et j’en passe, les gouvernements en place ont décidé d’augmenter les frais de scolarité de façon drastique. Dans ces pays, ces mesures n’ont pas seulement ciblé les      étudiants-es, mais également l’ensemble des travailleurs-euses. Les analystes économiques, des ministres des Finances aux journalistes économiques, nous disent que l’économie se porte mal et que c’est aux moins fortunés de se serrer la ceinture. Objectivement, les richesses sont créées, mais l’argent semble absent. Les étudiants-es du monde font face à des gouvernements qui leur disent que leur État n’a plus les moyens de financer leur système d’éducation. La gratuité scolaire se chiffre à environ 700 millions de dollars par année. En 2007, le gouvernement Charest a accordé une baisse d’impôt aux plus riches de la société de 950 millions. L’argent pour la gratuité scolaire est disponible, elle est concentrée entre les mains de riches propriétaires de compagnies,  il s’agit de prendre la décision démocratiquement et collectivement.

Si l’on désire réellement faire reculer le gouvernement et avoir des études post- secondaires gratuites, il faut non seulement que la population étudiante soit mobilisée massivement, mais il faut créer des liens solides avec les travailleurs-euses qui, eux aussi, subissent de dures mesures d’austérité. Ces liens ne doivent pas simplement être symboliques, ils doivent être concrets. La première couche d’employés-es impliqués dans le conflit, soit les enseignants-es et les travailleurs-euses de soutien, doit concrétiser son appui au mouvement étudiant en débrayant avec lui. Les associations étudiantes doivent mobiliser les étudiant-es pour qu’ils aillent apporte un soutien aux travailleurs-euse déjà en conflit en manifestant avec eux ou en participant à leurs lignes de piquetage. L’union est nécessaire, les associations étudiantes doivent essayer d’avoir l’appui tangible des mouvements syndicaux. Cette grève politique doit s’étendre à d’autres secteurs, plus que ceux-ci joindront le mouvement étudiant, plus la décision collective sera prise pour le recul du gouvernement Charest et pour la gratuité scolaire. Personne ne pouvait prédire Mai 1968 en France, les étudiants-es sont sortis dans la rue, les travailleurs-euses du système scolaire les ont suivis et finalement, c’est l’ensemble de la classe ouvrière qui s’est uni avec eux et contre l’État français. Le Québec d’aujourd’hui doit s’opposer collectivement aux décisions d’austérité prises par le gouvernement québécois, c’est seulement unis que nous vaincrons !