Le 28 mai dernier, trois semaines après les élections, plus de 250 personnes se sont réunies dans une salle de conférence de l’hôtel Sheraton de Montréal pour la toute première convention du Nouveau Parti démocratique du Québec depuis leur victoire historique au Québec. Ce fût de loin la plus importante convention pour le NPDQ depuis un certain temps et il ne pouvait en être autrement. Après tout, le parti vient de se voir projeter de 1 à 59 sièges au parlement, un nombre que le Bloc lui-même n’a jamais atteint en plus de 20 ans de domination politique au Québec.

L’humeur était festive. La plupart des députés nouvellement élus étaient présents, mais Jack Layton était aussi du nombre. Cependant, il y avait réellement une absence de cette même jeunesse et cette activité qui fut présente lors du rassemblement électoral du NPDQ à Montréal. On pouvait sentir que la convention avait été mise en place rapidement. Plusieurs membres de la base, a fortiori les nouveaux électeurs du NPD n’étaient pas au courant de l’événement. L’atmosphère de la convention était davantage celle d’une célébration, non celle d’une convention entre membres de la base pour discuter de la direction du parti après cette victoire historique. Nous accordons le bénéfice du doute qu’il y aura bel et bien une telle convention dans un avenir proche, une qui impliquera la participation des membres de la base de chaque circonscription pour mettre à jour comment le NPDQ peut travailler rallié à d’autres forces dans la province, tout spécialement les syndicats et Québec Solidaire, pour combattre l’austérité du gouvernement Harper.

Mis à part quelques résolutions prises qui ont passé à la convention, la seule chose qui vaut le coup d’être mentionnée est comment au cours de la conférence de presse Jack Layton s’est fait attaqué par les journalistes qui cherchaient à raviver le vieux débat nationalistes/fédéralistes. En fait, depuis la victoire du NPD au Québec qui fut le premier signe d’unité entre les travailleurs anglophones et francophones de ce siècle, les journalistes et les experts ont voué d’implacables efforts pour établir des chauvinismes anglophone et francophone. Par exemple, dans certains rapports de la convention des médias nous avons pu lire: « Discours de Jack Layton mûrs avec le nationalisme québécois » (Toronto Sun, 28 mai, 2011), « Le NPD bat du tambour nationaliste lors de sa rencontre au Québec » (Montréal The Gazette, 28 mai, 2011).

Au lieu de faire le focus sur ce que le NPD en tant qu’opposition officielle fera contre l’ordre du jour d’austérité du gouvernement Harper qui maintenant détient la majorité, les journalistes ne s’intéressaient qu’à réanimer le débat linguistique. Lorsqu’un journaliste a demandé : « Avez-vous l’intention d’attiser le débat linguistique au Québec avec une proposition d’étendre la loi 101 aux institutions fédérales? » Jack Layton a répondu de façon juste : « Cela n’a rien à voir avec un désir d’agiter les choses, mais plutôt de traiter avec un problème que nous avons depuis un certain temps… Maintenant, ceux qui veulent garder « à chaud » le vieux débat de la langue n’aime aucune solution. Ils préfèrent les combats sans cesse, mais nous sommes un parti qui cherche des solutions et c’est ce que cette proposition est en elle-même. » Jack a eu raison de souligner que l’establishment est seulement intéressé par le débat linguistique le remuant sans cesse afin de détourner les ouvriers des vrais problèmes et des vraies solutions.

L’objectif des médias était clair : diviser la classe ouvrière le long d’une ligne nationaliste et linguistique. The Gazette de Montréal aurait pu en fait avoir un titre du genre : « Les médias battent le tambour nationaliste. » Toutefois, le son de ce tambour a rencontré le silence assourdissant des travailleurs tant dans le Canada français qu’anglais, car la seule chose qu’ils entendent en ce moment se sont les échos féroces provenant du parlement de la majorité conservatrice qui se prépare à mettre en route diverses mesures d’austérité.

Si dans les quatre prochaines années, le NPD ne peut pas établir une résistance tenace et efficace contre l’ordre du jour de Harper, alors le temps ne sera pas long avant que le vieux discours nationaliste-fédéraliste renaisse au Québec à nouveau. Dans l’intervalle, toutes les indications en ce moment pointent vers une lutte de classe acharnée sur la question nationale. La perspective pour la période actuelle au Québec est limpide; la classe ouvrière s’unit contre les attaques de M. Harper et Charest. Le NPD, Québec Solidaire et les syndicats doivent former un front uni pour lutter contre ces attaques et ils doivent mettre de l’avant les solutions de la classe ouvrière à la crise du capitalisme.