Du terrorisme au marxisme : leçons du mouvement révolutionnaire russe

Ce n’est pas la première fois dans l’histoire que des individus tentent de régler leurs comptes avec la classe dirigeante par la violence individuelle. Afin d’éclairer les événements d’aujourd’hui, nous nous proposons de revisiter une période où assassiner les riches et les puissants pour secouer la société était bien en vogue chez la jeunesse : la Russie du XIXe siècle. 

  • Julien Arseneau
  • jeu. 6 mars 2025
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L’assassinat du PDG de UnitedHealthcare aux États-Unis le 4 décembre dernier a envoyé une onde de choc à travers le monde – et pas celle que les riches et les bandits qui nous gouvernent auraient voulue. 

Plutôt que de dénoncer le meurtre, le sentiment dominant dans la population était, pour reprendre les mots du tireur présumé, Luigi Mangione, que « ces parasites l’ont bien cherché ». Luigi est devenu un héros glorifié sur les réseaux sociaux par des millions de gens, et particulièrement par les jeunes.

Les sondages ont quantifié cette humeur. Un incroyable 41% des Américains de 18-29 ans considèrent ce meurtre comme « acceptable ». Un autre sondage auprès d’étudiants universitaires américains montre que 48% d’entre eux considèrent le meurtre comme totalement ou partiellement justifié. Questionnés à savoir avec qui ils sympathisaient davantage, 45% ont répondu « Luigi », et seulement 17% ont répondu qu’ils sympathisaient plutôt avec le PDG de UnitedHealthcare.

Ces chiffres époustouflants sont un signe des temps. Le système de santé privé signifie que des millions d’Américains sont à un problème de santé près de la faillite. Ceux qui comptent sur une assurance santé privée ne sont pas en reste, puisque ces parasites refusent régulièrement des réclamations – UnitedHealthcare est l’une des pires, avec un taux de refus de 32%. Ces gens ont détruit un nombre incalculable de vies, condamnant des milliers de gens à une mort précoce.

L’appui à un système de santé universel est immense. Tandis que Bernie Sanders avait frappé l’imaginaire de millions de gens en popularisant cette revendication, sa capitulation devant l’establishment du Parti démocrate signifie qu’aucune force politique ne défend sérieusement cette idée. C’est dans ce vide que Luigi Mangione apparaît et prend les choses en main. Il n’y a rien de surprenant à ce que ses actions présumées aient trouvé un tel écho.

L’opinion publique est nettement divisée sur des lignes de classe. Tandis que les politiciens et les riches pleurent le départ de leur ami, les travailleurs et les jeunes célèbrent, rient et se moquent.

Les capitalistes sont assis sur un énorme volcan. La destruction de la qualité de vie de millions de travailleurs est un terrain fertile pour le désespoir et un désir de vengeance. Comment mettre fin à la souffrance que causent ces PDG? Par quelles méthodes pouvons-nous renverser ce système et tous ses défenseurs?

Ce n’est pas la première fois dans l’histoire que des individus tentent de régler leurs comptes avec la classe dirigeante par la violence individuelle. Afin d’éclairer les événements d’aujourd’hui, nous nous proposons de revisiter une période où assassiner les riches et les puissants pour secouer la société était bien en vogue chez la jeunesse : la Russie du XIXe siècle. 

Cette époque était celle du mouvement des « Narodniks », quand de jeunes révolutionnaires adhéraient au « terrorisme individuel » comme moyen de susciter une révolution. De la destruction de ce mouvement est né un puissant mouvement marxiste qui a changé la face du monde. Cette période est riche en enseignements pour aujourd’hui.

L’intelligentsia révolutionnaire

La Russie du milieu du XIXe siècle est en pleine ébullition. Le régime tsariste tient sa population dans les mailles serrées d’une sévère répression. L’écrasante majorité de la population est paysanne et vicieusement opprimée par le régime tsariste et la clique de nobles et de bourgeois montants qui l’entourent.

Toute tentative de réforme libérale avait été bloquée. Un soulèvement d’officiers libéraux est écrasé en 1825. Les intellectuels libéraux des années 1840 sont réduits au silence par la censure, la prison et l’exil. La réforme agraire de 1861 abolissant le servage ne fait qu’étouffer encore plus les paysans en leur imposant des dettes faramineuses pour le rachat de leurs terres aux propriétaires terriens.

Dans ces conditions, la jeune génération de l’intelligentsia tire des conclusions révolutionnaires, socialistes. Ces fils et filles de prêtres, de fonctionnaires ou de nobles ruinés lisent des philosophes comme Hegel et Feuerbach, et ont accès aux idées des socialistes utopiques européens.

Au début des années 1870, l’intelligentsia révolutionnaire tente de mobiliser massivement les paysans. Sous le slogan « Allons vers le peuple! », des centaines, voire des milliers de jeunes, partent à la campagne pour répandre la propagande socialiste et provoquer une révolution paysanne. Mais ils y sont reçus froidement par une paysannerie suspicieuse de tout ce qui vient des villes.

L’intelligentsia révolutionnaire demeure donc complètement étouffée. D’un côté, les paysans ne bougent pas. De l’autre, l’État tsariste maintient fermement le pouvoir grâce à une implacable répression. Plus encore, la classe ouvrière est encore minuscule et ne représente pas une force révolutionnaire visible. 

C’est dans ce contexte que l’idée du terrorisme individuel trouvera un terreau fertile. À différentes époques, le terrorisme individuel a trouvé une base au sein des couches petites-bourgeoises de la société. Le caractère hétérogène de cette classe d’intellectuels, de professionnels, de petits propriétaires fait que la petite bourgeoisie ne développe pas une conscience collective au même titre que les travailleurs, mais développe plutôt un point de vue individualiste. Lorsqu’elles tirent des conclusions révolutionnaires, ces couches sont généralement plus enclines aux méthodes individuelles de lutte, plutôt que collectives.

En Russie, devant le calme relatif des masses, la jeunesse révolutionnaire cherchait essentiellement un raccourci vers la révolution, et le trouvera donc dans les attentats contre les gouverneurs, les policiers… et le tsar lui-même. 

Véra Zassoulitch 

Le traitement réservé à Luigi Mangione aujourd’hui rappelle d’une certaine façon l’un des cas les plus célèbres de terrorisme révolutionnaire en Russie à cette époque, celui de Véra Zassoulitch.

Le 24 janvier 1878, cette jeune femme de 28 ans brandit un fusil devant Trepov, le gouverneur de St-Pétersbourg, crie « Vengeance! » et le blesse grièvement. Questionnée à savoir pourquoi elle avait agi de la sorte lors de son arrestation, elle répond simplement « Pour Bogolioubov ». C’est que, quelques mois auparavant, Trepov avait fait flageller ce prisonnier politique.

À son procès largement médiatisé, Zassoulitch explique pourquoi elle a perpétré cet attentat : « Je ne voyais pas d’autre moyen [de venger Bogolioubov]. C’est horrible de lever la main sur autrui, […] mais j’ai décidé que je devais le faire. » 

Ces paroles sont remarquablement similaires au manifeste de Luigi Mangione : « Je m’excuse pour les traumatismes subis, mais il fallait le faire. Franchement, ces parasites l’ont bien cherché. De toute évidence, je suis le premier à y faire face avec une honnêteté aussi brutale. »

La base psychologique de ces actes individuels est claire. Comme l’explique Trotsky : « La source psychologique du terrorisme la plus importante est toujours le sentiment de vengeance à la recherche d’un exutoire. »

Pour son exploit, Véra Zassoulitch, loin de recevoir l’opprobre, est devenue une héroïne – tout comme Mangione aujourd’hui. 

En Russie, la police confisque des tracts dans les usines qui décrivent Zassoulitch comme « la courageuse fille qui n’a pas reculé devant un acte sanglant et sa propre ruine alors qu’aucun autre moyen n’existait pour défendre les droits de l’Homme ». Elle avait montré que « les tyrans ne sont pas tout-puissants ».

Et de manière incroyable, Zassoulitch est acquittée. Plutôt qu’un procès contre elle, l’affaire se transforme en un procès du tsarisme et un plaidoyer contre la torture infligée par le gouverneur Trepov.

Elle est portée sur les épaules de purs inconnus, qui déambulent dans la rue en criant « Vive Zassoulitch! »

Ces événements allaient donner une immense impulsion au mouvement terroriste en Russie. Mais malgré le choc initial de l’affaire Zassoulitch, et malgré le grand appui dont elle jouissait, le terrorisme n’allait pas avoir raison du tsarisme. Et plus le mouvement terroriste grandissait, plus vite il courait à sa perte.

Les Narodniks et l’assassinat du tsar

En 1879, le groupe « Narodnaïa Volia » (Volonté du Peuple) est fondé. On n’en est plus aux actes isolés; le terrorisme y est vu comme une façon de désorganiser et intimider le régime et causer sa perte. Ce mouvement est entièrement coupé des masses. Il compte à peine 37 membres.

La perspective politique de ces jeunes révolutionnaires est cependant très limitée. Comme l’expliquait un dirigeant des Narodniks (le nom donné aux membres du groupe) : 

« – L’histoire avance trop lentement. Elle a besoin d’une poussée. Sinon, toute la nation va pourrir et être réduite en miettes avant que les libéraux aient fait quoi que ce soit.
– Qu’en est-il d’une constitution?
– Ce serait bien.
– Mais donc, qu’est-ce que vous voulez : travailler pour une constitution ou donner une poussée à l’histoire?
– Je ne rigole pas, en ce moment nous voulons donner une poussée à l’histoire. »

Ainsi, on se contente de lutter pour une constitution libérale par des méthodes extrêmes. Ce n’est pas pour rien qu’ils sont qualifiés de « libéraux avec des bombes ».

En 1881, les Narodniks réussissent le plus grand coup d’éclat imaginable : ils assassinent le tsar Alexandre II lui-même. Mais le tsarisme n’est pas renversé; il en sort plutôt renforcé.

Le successeur du défunt tsar, Alexandre III, écrase sans merci les terroristes, fait pendre cinq d’entre eux et en envoie d’autres en prison et en exil. Même les libéraux modérés ne sont pas épargnés par la répression. Le tsar enlève aux universités leur autonomie, et fait disparaître des étagères les livres de Spinoza, Voltaire, Hobbes et d’autres encore. Les pogroms contre les Juifs se répandent. En plus, l’assassinat ne suscite aucune révolte chez la paysannerie, et pas plus chez la classe ouvrière naissante. L’assassinat entraîne plutôt une période de réaction politique complète.

Des groupes continuent de se revendiquer de la Narodnaïa Volia jusqu’en 1885. Le point final, c’est l’attentat complètement raté sur la vie du tsar Alexandre III le 1er mars 1887, organisé par un certain Alexandre Oulianov – le frère du futur Lénine. Oulianov est pendu avec quatre de ses camarades.

Au tribunal, il révèle la mentalité de son petit groupe de conspirateurs : 

« Nous n’avons pas de classes fortement groupées qui pourraient retenir le gouvernement… » En même temps, « notre intelligentsia est physiquement si faible et inorganisée qu’actuellement elle ne peut s’engager dans une lutte ouverte. La faible intelligentsia, très faiblement pénétrée des intérêts des masses, ne peut défendre son droit à la pensée que sous la forme du terrorisme. »

Ainsi que nous le voyons, le terrorisme révolutionnaire est un cri de désespoir devant une situation où la lutte de masse est perçue, à tort ou à raison, comme impossible. 

L’ironie du terrorisme individuel est que plus il réussit, plus il devient répandu, plus il est contre-productif. Loin de susciter l’action des masses ou de hâter le renversement du régime, le terrorisme de la Narodnaïa Volia a détruit une génération de militants courageux et sincères, et renforcé l’État tsariste.

Marxisme russe

Heureusement, ces premières erreurs n’ont pas été commises en vain. Les meilleurs militants de l’époque ont tiré les leçons de la période du terrorisme individuel.

En exil en Suisse, un tout petit groupe de révolutionnaires fonde en 1883 le tout premier groupe marxiste russe : le Groupe de l’Émancipation du Travail. Ses principaux dirigeants sont un ancien Narodnik, Georgi Plekhanov, et une ancienne terroriste bien plus célèbre : Véra Zassoulitch elle-même. 

Dès ses débuts, le groupe marxiste doit mener une lutte idéologique contre les tenants du terrorisme individuel. Plekhanov écrit de nombreux textes qui défendent les idées fondamentales de la philosophie marxiste, et jettent les bases d’une analyse marxiste approfondie de la Russie tsariste. 

À l’époque, les marxistes sont regardés de haut, accusés de diviser le mouvement révolutionnaire et de discuter d’idées qui n’ont rien à voir avec la Russie : « Vous n’êtes pas des révolutionnaires, mais des étudiants de sociologie. » De telles accusations sont encore en vogue aujourd’hui!

Bien que le mouvement narodnik se désintègre, la jeunesse révolutionnaire n’a pas encore perdu ses illusions dans le terrorisme. 

Mais Plekhanov et ses camarades, armés de la théorie marxiste, voient ce que les autres ne voient pas encore. À cette époque, d’immenses usines sont fondées à l’aide du capital étranger, et les grèves ouvrières se font plus nombreuses. Une nouvelle force révolutionnaire émerge : la classe ouvrière.

Contrairement aux Narodniks, les marxistes affirment tout haut la nécessité pour les révolutionnaires de travailler patiemment à conquérir les travailleurs, et non à les exciter à coup d’actes terroristes.

L’histoire a rendu son verdict. Tandis que le mouvement narodnik s’est éteint dans cette période, le petit noyau de marxistes en exil a jeté les bases pour la formation du Parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR) sur de solides bases théoriques. 

Après 10 ans de relatif isolement et de travail théorique, les marxistes percent dans le mouvement ouvrier dans les années 1890. La scission du POSDR de 1903 mène à la formation de son aile révolutionnaire, les Bolcheviks. Quatorze ans plus tard, les Bolcheviks prennent le pouvoir en canalisant le mouvement de masse des travailleurs et des paysans contre le tsarisme, la guerre mondiale et les affres du capitalisme. Ils entament le remplacement de celui-ci par le pouvoir des Soviets.

Lutte des classes

La réaction de la classe dirigeante au meurtre du PDG de UnitedHealthcare a révélé son hypocrisie morale devant le monde entier. La condamnation était unanime, des républicains aux démocrates, de Trump à Biden, en passant par CNN et Fox News.

Pour ces personnes, c’est seulement lorsqu’on tue les riches que c’est mal. Les pratiques de l’entreprise UnitedHealthcare, qui consistent à rejeter les réclamations et à refuser de couvrir des patients, ont certainement causé un nombre incalculable de décès parmi les pauvres et les travailleurs. Or, comme ces meurtres n’ont pas été commis à l’aide d’une arme à feu, mais d’un trait de plume dans la salle du conseil d’administration d’une entreprise, la classe dirigeante demeure impassible. C’est ce que Friedrich Engels appelait le « meurtre social ». 

La classe dirigeante défend aujourd’hui les pires horreurs imaginables. Elle investit dans une inutile course à l’armement tout en laissant les services publics s’effondrer. Elle a financé et appuyé politiquement le meurtre de masse des Palestiniens à Gaza. Elle est constamment la cause directe de morts inutiles et évitables. 

Lorsque nous regardons le geste présumé de Luigi Mangione, de la même manière que nous regardons les attentats individuels similaires dans l’histoire, notre analyse n’a rien à voir avec la morale hypocrite à deux cennes de la classe dirigeante. Le véritable terrorisme vient de l’État, de la police et des armées capitalistes.

Mais la réalité est que l’assassinat d’un PDG, d’un politicien détesté ou de tout autre représentant ou membre de la classe capitaliste, ne mettra pas fin aux souffrances qu’ils causent. Celles-ci proviennent du système capitaliste lui-même. Le système s’appuie non pas sur des individus véreux (bien qu’ils soient nombreux), mais sur une classe. Et une classe ne disparaît pas à coup d’assassinats d’individus. 

Si de tels assassinats venaient à être multipliés, nous verrions une montée immense de la répression étatique, comme nous l’avions vu à l’époque du tsarisme et des Narodniks. Comme nous l’avons dit plus haut, le terrorisme individuel est d’autant plus contre-productif qu’il fonctionne. Il invite la répression de l’État sans obtenir quoi que ce soit en retour. C’est ce qui est survenu à chaque fois que le terrorisme individuel a pris une certaine ampleur. 

Mais il y a un angle plus important à la question. L’histoire a démontré que la classe ouvrière est la seule force qui peut renverser le capitalisme et entamer la construction d’une société socialiste. 

De par le caractère social de la production, la classe ouvrière est la mieux placée pour développer une psychologie collective et les méthodes d’action collectives qui y correspondent. Par son nombre et sa place dans la production, elle a le pouvoir de paralyser l’économie et de frapper les patrons non pas d’une balle dans la tête, mais en les privant du pouvoir d’exploiter quiconque.

Dans cette optique, les marxistes défendent tout ce qui renforce l’unité de la classe ouvrière, sa confiance dans ses propres moyens et sa compréhension de son rôle, de la nécessité et de l’efficacité d’une lutte de masse contre le capitalisme. De plus, les marxistes ne sont pas pacifistes. Les travailleurs et les pauvres ont entièrement le droit de se défendre contre la violence engendrée par le capitalisme.

Le terrorisme individuel, bien qu’il jouit parfois de l’appui (passif) de bien des gens, relègue la classe ouvrière au rôle de spectatrice. Il offre une mauvaise leçon : non pas que la classe ouvrière doit entrer en lutte contre la bourgeoisie, mais qu’elle peut s’appuyer sur des individus héroïques pour faire le travail à sa place. Ce n’est pas par ces méthodes que la classe ouvrière prend conscience de sa force et apprend à lutter contre les capitalistes.

Comme Trotsky l’explique : 

« Plus “efficaces” sont les actes terroristes, plus grand est leur impact, plus ils réduisent l’intérêt des masses pour l’auto-organisation et l’auto-éducation. Mais les fumées de la confusion se dissipent, la panique disparaît, le successeur du ministre assassiné apparaît, la vie s’installe à nouveau dans l’ancienne ornière, la roue de l’exploitation capitaliste tourne comme auparavant; seule la répression policière devient plus sauvage, plus sûre d’elle même, plus impudente. Et, en conséquence, au lieu des espoirs qu’on avait fait naître, de l’excitation artificiellement soulevée, arrivent la désillusion et l’apathie. »

Bien que l’assassinat d’une crapule capitaliste comme le PDG de UnitedHealthcare puisse donner l’impression que justice a été rendue, cela ne change rien au système. Et c’est pourquoi les communistes n’adoptent pas de telles tactiques.

Remplir le vide

Si la bourgeoisie est choquée par l’avalanche d’appuis à Luigi Mangione, les communistes y voient un signe immanquable de l’humeur anticapitaliste qui grandit chez toutes les couches de la population. Ce qu’il faut, c’est transformer cette humeur en une force politique capable de renverser le capitalisme.

Dans son manifeste, Luigi dit que « cela devait être fait ». Les communistes du PCR répondent qu’il y a une autre voie. 

Nous nous adressons à tous ceux qui pensent que « ces parasites l’ont bien cherché ». Nous avons devant nous une longue lutte. Nous faisons face à une classe dirigeante qui a toutes les ressources et les richesses de son côté. 

Ce que la classe ouvrière ne possède pas en termes de richesse, elle le compense par la force du nombre. Le pouvoir de la classe ouvrière de renverser le capitalisme, et de bâtir une société libérée de la dictature des riches, est immense. Mais elle est présentement dirigée par des leaders syndicaux et des partis soi-disant « de gauche » qui n’offrent aucune solution.

Cette contradiction ne peut être résolue du jour au lendemain. La colère révélée par l’appui pour Luigi doit être canalisée politiquement. Mais pour ce faire, il faut construire un véhicule politique pour représenter les millions de personnes qui sont d’accord avec Luigi, et orienter cette colère vers un mouvement de masse, une lutte collective pour renverser le capitalisme. Voilà pourquoi il nous faut un parti révolutionnaire, un parti communiste.

Laissons le dernier mot à Léon Trotsky : 

« Si nous nous opposons aux actes terroristes, c’est seulement que la vengeance individuelle ne nous satisfait pas. Le compte que nous avons à régler avec le système capitaliste est trop grand pour être présenté à un quelconque fonctionnaire appelé ministre. Apprendre à voir tous les crimes contre l’humanité, toutes les indignités auxquelles sont soumis le corps et l’esprit humain, comme les excroissances et les expressions déformées du système social existant, dans le but de diriger toutes nos énergies en une lutte contre ce système – voilà la direction dans laquelle le désir brûlant de vengeance doit trouver sa plus haute satisfaction morale. »