Pendant des années, les travailleuses québécoises des garderies ont mené une lutte pour leurs droits collectifs et pour une juste représentation. Le gouvernement provincial a jusqu’à présent employé la bureaucratie et la rhétorique afin de saper les progrès accomplis. En Octobre 2010, les travailleuses ont finalement décidé qu’il était temps de contre-attaquer.

Les problèmes rencontrés par les travailleuses des garderies sont semblables à ceux des autres travailleuses domestiques: payées en-dessous du salaire minimum; sans compensation pour de longues et difficiles heures supplémentaires; avec une surcharge de travail; et font face à des luttes ardues avec le gouvernement pour régler ces problèmes. Tous ces problèmes affectent non seulement ces travailleuses, mais aussi les nombreuses familles qui comptent sur un service de garde de qualité à prix abordable. En rendant le service de garde d’enfants moins juste et accessible, le gouvernement rend plus difficile la vie des gens de la classe ouvrière. Cela est particulièrement vrai pour les familles monoparentales, les familles nombreuses, ou encore, celles qui ont un emploi précaire.

L’émergence des services de garde « sous la table » sont également une préoccupation parce qu’ils n’ont pas à se souscrire aux garanties du gouvernement, de l’éducation, ou des normes de contrôle de qualité. De nombreuses familles peuvent n’avoir d’autres choix que de placer leurs enfants sous une garde de ce type. Un financement supplémentaire du gouvernement est nécessaire pour couvrir le coût des soins à domicile. L’accessibilité est un énorme problème partout au Canada, et même au Québec, malgré les frais de garderie à 7 $ par jour fixés par le gouvernement du Québec à la fin des années 1990. Aujourd’hui, même cette subvention est menacée et les services sont très insuffisants.

Pendant ce temps, le gouvernement rend de plus en plus difficile le processus pour devenir un prestataire « officiel » de garde d’enfants. La loi 124 sur les services de garde éducatifs à l’enfance est un exemple de la façon dont le gouvernement établit des règles strictes relatives à la qualité des soins. De nombreux centres sont trop sous-financés pour répondre aux exigences spécifiques des dispositions législatives. Ces conditions donnent aussi un pouvoir considérable aux administrateurs publics, en particulier le ministre qui possède un contrôle arbitraire sur de nombreuses règles. Refuser de se conformer à ces règlements peut entraîner des mesures disciplinaires, voire une prise de contrôle du gouvernement.

Comment les travailleuses répondent-elles à cette injustice? En Juin 2009, le gouvernement du Québec a adopté le projet de loi 51 permettant aux employés des garderies de s’organiser et de participer légalement à des activités syndicales. Malheureusement, cette loi comprend également de nombreuses lacunes et des règlements que le gouvernement peut utiliser comme outils d’oppression. En raison de problèmes avec le processus de syndicalisation et de négociation, les travailleuses (aidées par la Centrale Syndicale du Québec CSQ) ont amorcé une grève. À la fin octobre, elles ont organisé des grèves rotatives afin de faire valoir leur point de vue, et ont aussi organisé une grève d’une journée pour toutes les travailleuses le mercredi 10 novembre. Plus de 13 000 travailleuses en garderie ont défilé dans les rues afin de faire pression sur le gouvernement pour qu’il arrête de retarder les négociations qui n’ont guère bougé depuis février. Elles réclament des améliorations au salaire, aux pensions et aux vacances. Les employées des services de garde à domicile et celles qui opèrent à partir d’espaces commerciaux reçoivent 19 $ par jour par enfant du gouvernement du Québec, et un autre 7 $ par les parents. Le syndicat veut un autre 12 $ par jour ajouté de sorte que les salaires et les pensions soient semblables à ceux des employées qui travaillent dans les Centres de la Petite Enfance (CPE). Ce sont toutes des demandes raisonnables qui donneraient aux employées de garde en milieu familial les mêmes droits que les autres travailleuses syndiquées.

C’est la responsabilité des dirigeants du mouvement ouvrier de soutenir les employées des services de garde dans leurs revendications, ainsi que faire preuve de solidarité face aux manœuvres du gouvernement. Il est désormais clair que le gouvernement néglige notre ressource la plus précieuse pour l’avenir: nos enfants. Nous devons défendre notre droit à une garde de qualité ainsi qu’un juste soutien envers les familles. Nous devons refuser les actions du gouvernement qui oppriment les travailleuses et les tiennent comme responsables pour les problèmes créés par des lois injustes. Ce n’est qu’en s’unissant avec nos camarades de travail que nous pourront les soutenir dans la défense de leurs droits, et la reconnaissance de la valeur réelle de leur travail.