Le jeudi 15 septembre dernier, les débardeurs du port de Québec ont été mis en lock-out par leur employeur, la Société des arrimeurs de Québec, ralentissant ainsi un acteur important de l’économie provinciale. Le lock-out affecte 81 syndiqués de la section locale 2614 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), affilié à la FTQ.

Le 30 août dernier, les débardeurs du port de Québec s’étaient positionnés à 98,5% en faveur de moyens de pression pouvant aller jusqu’à la grève et depuis, ils en exerçaient certains pour faire avancer les discussions à la table de négociation, qui stagnent depuis le début de l’été.

De l’autre côté, la Société des arrimeurs de Québec, qui représente les employeurs, a déclaré que le lock-out avait été déclenché car la société a été placée dans une position « intenable » et que les moyens de pression des débardeurs augmentent de jour en jour. Ceux-ci refusaient le temps supplémentaire et ralentissaient le travail.

Par contre, elle passe sous silence le fait que les deux camps sont en pourparlers depuis le début du mois de juin 2022, sur le point central de la longueur des quarts de travail et elle refuse de changer son opinion sur le sujet. 

En effet, le manque de main-d’œuvre qui se fait sentir dans tous les secteurs de l’emploi n’échappe pas au secteur portuaire. Le Port de Québec veut faire porter ce lourd fardeau sur le dos des débardeurs en leur imposant des quarts de travail de douze heures. Les membres du syndicats estiment avec justesse que ces horaires dignes du 19e siècle sont incompatibles avec la conciliation travail-famille. Toutefois, la société des arrimeurs soutient que « les demandes syndicales sont impossibles à satisfaire dans le contexte actuel ».

Comme pour le reste des employeurs, l’argument de la pénurie de main-d’œuvre ne tient pas la route. Si l’employeur a tant besoin de nouveaux employés, qu’il rende ses postes plus attrayants en acceptant d’améliorer les conditions de travail et les salaires. L’augmentation de la journée de travail à 12h ne représente qu’une tentative de faire porter le fardeau de la pénurie de main-d’œuvre aux travailleurs.

Il est intolérable que les travailleurs du port de Québec doivent sacrifier leur vie sociale et familiale afin que leurs employeurs continuent de générer toujours plus de profits. 

La Société des arrimeurs de Québec parle d’employer des « plans de contingence » afin d’éviter des perturbations économiques qui pourraient être engendrées par le lockout. L’employeur veut le beurre et l’argent du beurre : mettre de la pression sur les travailleurs sans que cela n’affecte leur portefeuille. Nous appelons à la solidarité des autres travailleurs du port de Québec ainsi qu’à leur soutien concret envers les débardeurs, par exemple en ralentissant le travail eux aussi. Si les patrons décident d’engager des briseurs de grève, les travailleurs devraient répliquer avec des piquets de grève durs afin d’empêcher le port de rouler et ainsi accentuer la pression sur les patrons. Dans le cas où les cargos seraient déviés vers Montréal, les débardeurs de Montréal devraient refuser de les décharger en solidarité à leurs collègues de Québec. C’est par de telles méthodes de solidarité active et de syndicalisme de combat que nous pouvons gagner.

Une victoire des travailleurs du 2614 enverrait le message que les travailleurs n’acceptent pas de payer pour la pénurie de main-d’œuvre, et serait une victoire pour tous. Tous les travailleurs méritent des conditions de travail adéquates et personne ne devrait avoir à choisir entre une vie à l’extérieur du travail et un salaire. 

Solidarité avec les travailleurs du port de Québec!