Pourquoi je suis communiste : Parce que je veux regagner l’espoir en l’avenir

Dans cette édition de notre série « Pourquoi je suis communiste », Olivier raconte comment sa désillusion envers une société capitaliste qui écrase les individus l’a mené de la démoralisation à vouloir se battre pour renverser celle-ci.

  • Olivier Turbide
  • jeu. 14 sept. 2023
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La décadence du capitalisme se fait sentir tous les jours plus durement. Cela a mené à une radicalisation croissante des travailleurs et des jeunes, qui sont des millions à rejeter le système. Selon un sondage récent, un million de Canadiens veulent le communisme. La Riposte socialiste, section canadienne de la Tendance marxiste internationale, a lancé une campagne intitulée « Es-tu communiste? » dans le but d’organiser cette couche grandissante de communistes au Canada et au Québec. Dans le cadre de cette campagne, nous ouvrons les pages de notre magazine pour demander : et vous, pourquoi êtes-vous communistes?

Si vous faites partie de ces centaines de milliers de communistes au Canada et que vous souhaitez expliquer à nos lecteurs pourquoi vous êtes communiste, vous pouvez soumettre un texte de 500 mots maximum à notre comité de rédaction à l’adresse suivante : eb@marxist.ca.


Enfant, j’ai toujours été un grand optimiste envers le futur. J’adorais l’école, en particulier les sciences, et je passais des journées à dévorer des livres et revues de vulgarisation scientifique qui expliquaient comment les technologies pourraient régler tous nos problèmes les plus pressants et créer un monde meilleur pour tous. Je me voyais déjà dans le futur, participer activement aux grandes avancées de l’humanité, cette humanité qui selon moi réglerait les changements climatiques, éliminerait la faim dans le monde, explorerait l’espace, repousserait les limites de l’inconnu…

Cette perception a radicalement changé au fur et à mesure que j’ai grandi, et que je suis sorti de mes livres idéalisés pour faire face au monde. Arrivé à l’âge adulte, j’ai vu non pas une société qui avançait collectivement vers son émancipation, vers le progrès, mais une société profondément divisée, hostile, qui, aveuglée par le profit, avançait les yeux bandés vers sa propre destruction. J’ai réalisé que les institutions dominantes, comme l’école ou le parlement, n’étaient pas des tremplins vers la réalisation de nos rêves individuels et collectifs, mais qu’elles étaient plus semblables à des usines infernales avec comme fonction première de discipliner les masses pour les faire rentrer dans le rang serré de l’accumulation du capital.

Cela m’a complètement démotivé de la vie, et plongé dans une dépression profonde. Partout autour de moi, je ne voyais pas mes camarades réaliser leurs rêves et leur potentiel en grandissant, mais plutôt enterrer leurs rêves pour se tourner vers des visées plus « réalistes », c’est-à-dire plus en phase avec les besoins du marché capitaliste. Et en même temps qu’ils enterraient leurs rêves, ils adoptaient un cynisme envers le monde et envers l’avenir, qui sous le capitalisme rime malheureusement trop souvent avec « maturité ».

Qui plus est, dans ce contexte, l’idée selon laquelle le capitalisme permettrait la « méritocratie » a toujours été pour moi révoltante. Les travailleurs que je connais, ces gens talentueux, honnêtes, et profondément bons, la tête pleine de projets et d’initiative, sont pour l’immense majorité pris au piège 40 heures par semaine dans des emplois vides de sens. Pendant ce temps, ceux qui possèdent le capital détruisent la planète impunément et ne semblent pas s’en préoccuper pour le moins du monde. Ces derniers sont-ils arrivés là parce qu’ils étaient « meilleurs » que les premiers?

Absolument pas. En découvrant le marxisme, j’ai compris qu’ils sont arrivés là parce que leur classe, la bourgeoisie, possède le capital, et que les travailleurs ne le possèdent pas. Peu importe ce que les travailleurs font, peu importe leur bonté et leur énergie, ils devront toujours se vendre aux bourgeois, et devenir leurs esclaves. Le problème n’est donc pas que les gens sont moralement mauvais, que les humains sont lâches et perfides, le problème est que le capitalisme, la machine sur laquelle repose toute la vie sociale, est profondément inadéquat pour répondre à nos besoins. Mais ce que les communistes m’ont enseigné, c’est qu’en comprenant le fonctionnement de cette machine, nous pouvons trouver ses points faibles, la détruire une bonne fois pour toutes à travers la révolution, et en construire une plus humaine, plus adaptée à notre vraie nature.

Depuis que je suis communiste et que je milite pour une révolution, j’ai donc regagné espoir en l’avenir. La vision que je me faisais du futur lorsque j’étais enfant n’est pas « utopique », tout comme les rêves individuels des travailleurs ne le sont pas. Ils sont seulement rendus impossibles par le cadre rigide de la propriété privée capitaliste. Lorsque nous remettrons la production dans les mains des travailleurs, nous pourrons déchaîner leur créativité, leur initiative et leur inventivité.

Les scientifiques qui ont depuis des années des solutions à la crise climatique pourront enfin les mettre en pratique, sans se faire dire que cela nuirait aux profits de la classe dirigeante. Les richesses immenses déjà accumulées par les capitalistes, ainsi que le développement technologique moderne, pourront être utilisés pour réduire immédiatement la semaine de travail de tous les travailleurs, leur laissant tout le temps pour s’adonner à leurs passions, provoquant une véritable renaissance dans l’art, dans la culture et dans la science.

Bref, l’humanité prendra véritablement la direction du progrès, et nous pourrons enfin réaliser nos rêves. C’est cette pensée qui me donne la motivation de continuer à vivre, en sachant que je léguerai aux générations futures un monde meilleur que celui dans lequel j’ai grandi.