À peine trois semaines après le début des classes au Québec, ce sont déjà plus de 200 écoles qui comptent des cas de COVID-19. La deuxième vague d’infection semble bel et bien entamée, et le gouvernement de la CAQ ne fait pratiquement rien. Que faire pour éviter l’imminent désastre? 

Le plan de la rentrée de la CAQ était une catastrophe annoncée. Aucune réduction des tailles de classe n’était prévue. Cela signifie que les « classes-bulles » peuvent aller parfois jusqu’à 30 personnes ou plus, ce qui rend la distanciation physique pratiquement impossible. De plus, bien que l’Académie américaine de pédiatrie recommande le port du masque pour tous les élèves du primaire et du secondaire, dans le plan Legault, le masque n’est obligatoire qu’à partir de la cinquième année. Question d’en ajouter, la possibilité d’aller à l’école de façon virtuelle au lieu d’en présentiel était limitée à ceux qui avaient une condition médicale. Les élèves étaient donc envoyées dans des classes remplies, souvent mal ventilées, sans mesures sanitaires adéquates, et presque sans possibilité de se retirer. 

Le résultat est que, en date du 15 septembre, 377 cas de COVID-19 ont été rapportés dans les écoles jusqu’à présent. Le nombre d’écoles touchées a atteint le nombre de 223, dont 63 écoles à Montréal, selon le gouvernement. Ces chiffres pourraient être encore plus important que ce qui est reporté, puisque la direction de la santé publique de Montréal s’affirme en porte-à-faux du gouvernement en disant qu’il y aurait plutôt 125 écoles touchées. Une première école de Montréal vient tout juste de fermer ses portes. En plus des éclosions, le manque de ressources a déjà des conséquences sur les enseignants qui se disent complètement surchargés

La CAQ, pendant ce temps, minimise la situation. Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a affirmé au sujet du nombre de cas dans les écoles : « Je tiens à mettre le chiffre en perspective : c’est 0,3% des gens de notre réseau scolaire. » Cette arithmétique figée dans le temps ne devrait pas nous berner. On a bien vu durant la première vague de la pandémie comment la propagation du virus a été exponentielle. Si rien n’est fait, l’histoire va se répéter.

Personne n’est surpris non plus de voir que le plan de la CAQ est complètement inadéquat. Une lettre signée par plus de 150 scientifiques et professionnels de l’éducation était parue peu de temps après que le gouvernement ait annoncé son plan pour la réouverture. Selon ces scientifiques, le plan de réouverture « ne tient pas suffisamment compte des recommandations en matière de prévention des infections reconnues par la communauté scientifique et médicale pour minimiser les éclosions dans le milieu scolaire. » On savait également que les écoles n’étaient pas préparées : selon un rapport gouvernemental, 54% des écoles québécoises sont en « mauvais état ». Des syndicats avaient également souligné que les 20 millions octroyés par le gouvernement pour financer la réouverture n’étaient que des « peanuts » – à peine 6000$ par école.

En réalité, la motivation principale des politiciens capitalistes était d’ouvrir les écoles le plus rapidement possible, quitte à ce que la rentrée soit bâclée, pour que les parents de ceux-ci se dépêchent de retourner au travail et que les entreprises puissent fonctionner normalement. Cela explique aussi pourquoi il est aussi corsé pour les enfants de recevoir de l’enseignement virtuel. L’éducation, la santé et la sécurité des enfants sont des considérations secondaires pour eux. 

De toute façon, les riches n’ont pas à s’inquiéter outre mesure du plan de la rentrée de la CAQ. Pour les capitalistes et leurs politiciens, il suffit d’envoyer leurs enfants dans une école privée, où les règles sanitaires seront non seulement respectées, mais bonifiées. Par exemple, dans une école privée de Kirkland, les élèves ont un plexiglas autour de leur bureaux et ont accès à chacun une bouteille de liquide désinfectant sur chaque bureau. De plus, on prend la température de chaque élève qui entre dans l’école. Ce qu’on constate ici, c’est qu’il y existe un virus pour les riches, et un virus pour les pauvres.

Seule la classe ouvrière organisée peut stopper la propagation

Nous pouvons déjà voir le fiasco se dessiner dans nos écoles. Mais s’il y a une chose qu’on peut retenir de la crise dans les CHSLD, c’est que le gouvernement caquiste ne reconnaîtra qu’il y a une crise qu’une fois qu’il sera trop tard. Comme l’expérience l’a montré jusqu’ici, on ne peut avoir aucune confiance dans la CAQ, ce gouvernement des patrons, pour protéger notre santé. Les syndicats ont un rôle primordial dans la lutte contre cette rentrée des classes irresponsable.

Malheureusement, presque tous les syndicats de l’enseignement du Québec avaient donné leur appui au plan de rentrée de Legault, en se contentant de critiques mineures. Les directions syndicales avaient ainsi accepté l’inévitabilité de la transmission des cas de COVID-19 au sein des enseignants, des élèves et de leurs familles.

Mais maintenant que les éclosions commencent, la Fédération autonome de l’enseignement a emprunté le chemin d’un recours en Cour supérieure contre le gouvernement afin d’obtenir un processus de dépistage adéquat et les documents reliés au plan de la rentrée. Mais qu’est-ce que la direction syndicale pense gagner en prenant cette voie? Chaque journée perdue à attendre une décision de la Cour supérieur met en danger le personnel et les enfants. Cette approche n’arrêtera pas le désastre qui est en train de se passer en ce moment même dans les écoles.

Il n’y a pas de temps à perdre. Nous ne pouvons nous permettre d’attendre qu’un premier professeur ou enfant perde la vie avant d’agir.

Les enseignants et enseignantes de New York, de Chicago de l’Indiana et de Détroit ont montré la voie à suivre : avec seulement la menace d’aller en grève car le corps enseignant ne se sentait pas en sécurité à l’école, d’importantes concessions ont été faites par les élus seulement quelques heures plus tard. En Arizona, les enseignants ont obtenu la fermeture des écoles en organisant un « sick-out ». 

Les syndicats des enseignants et du personnel au Québec ont eux aussi le pouvoir de faire fermer les écoles et éviter le désastre. Pas de doute que le reste de la classe ouvrière serait sympathique à des débrayages visant ultimement à sauver des vies. Les enseignants et le personnel devraient utiliser leur droit de refus d’un travail non sécuritaire, revendiquer une réduction des tailles de classe, et que des fonds soient immédiatement libérés pour du matériel sanitaire et un dépistage de masse. Ce sont les travailleurs eux-mêmes qui doivent décider quand un milieu de travail est suffisamment sécuritaire pour être ouvert.